Ceci est une déclaration du Président en exercice du CILSS, par ailleurs président de la République du Tchad à l’occasion de la 37ème Journée de cette organisation sous-régionale célébrée ce lundi 12 septembre 2022. Dans ce message, Mahamat Débi Itno appelle à « un engagement politique fort » au niveau sous-régional en faveur du secteur de l’élevage qui paie les frais de la fébrilité de la situation sécuritaire.
« Citoyennes et citoyens des États membres du CILSS.
Le 12 septembre de chaque année, la communauté sahélienne célèbre l’anniversaire de la création de son organisation sous régionale ; j’ai nommé : le CILSS, Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel.
La 37ème Journée du CILSS commémorée cette année, est placée sous le thème : « L’élevage face à l’insécurité civile au Sahel et en Afrique de l’Ouest ».
L’élevage est connu comme un secteur économique important de nos pays, du fait de son importance dans la création des richesses et d’emploi, notamment pour les jeunes et les femmes. Il occupe surtout une place importante dans le développement agro-sylvo-pastoral des zones rurales.
En rappel, pour les pays sahéliens, le secteur de l’élevage contribue pour 10 à 15% du PIB des États, et environ 25% du PIB agricole de la région.
Le thème de la journée du CILSS de cette année vient nous interpeller sur les conséquences de l’insécurité civile sur les pratiques de l’élevage sous toutes ses formes dans la région.
Citoyennes et citoyens des États membres du CILSS ;
Depuis 2012, l’insécurité civile sévit dans les zones traditionnelles d’élevage : conflits agriculteurs et éleveurs, terrorisme, vol de bétail, trafic de tout genre, circulation des armes légères, banditisme et criminalité transfrontalière.
Depuis lors, la pratique des activités agropastorales est fortement bouleversée et difficile pour nos vaillants concitoyens éleveurs. Par conséquent, le secteur de l’élevage et plus particulièrement le système pastoral transhumant, se trouve confronté à de multiples facteurs de vulnérabilité qui tendent à affaiblir sa durabilité et ses capacités de résilience au sein des zones arides et semi-arides qui constituent ses espaces de prédilection.
Les défis critiques auxquels le pastoralisme est confronté sont essentiellement de nature régionale et nécessitent un engagement politique fort pour être relevés. La Déclaration de Nouakchott sur le pastoralisme, adoptée en octobre 2013, incarne cette forte volonté politique et reconnaît qu’il existe un besoin profond d’interventions bien coordonnées à la mesure des enjeux du pastoralisme au niveau régional.
Citoyennes et citoyens ;
Le plaidoyer développé par les réseaux régionaux d’éleveurs et leurs partenaires dont le CILSS a permis à nos États et aux décideurs politiques de prendre conscience des menaces qui pèsent sur le secteur de l’élevage et particulièrement sur la mobilité du cheptel, qui est un facteur déterminant dans la productivité du secteur.
En adoptant le thème « Élevage et insécurité civile au Sahel et en Afrique de l’Ouest » le CILSS contribue au plaidoyer et lance un appel à tous les acteurs clés, les décideurs politiques, les partenaires au développement, les acteurs étatiques et non-étatiques des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, pour un engagement plus soutenu pour relever les défis de développement auxquels l’élevage et le pastoralisme sont confrontés au Sahel et en Afrique de l’Ouest dans ce contexte de crise sécuritaire.
Dans ce cadre, le CILSS avec l’accompagnement des Organisations Internationales Gouvernementales régionales et l’appui financier de la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’Agence Française de Développement et la Banque Africaine de Développement, conduit quatre initiatives majeures en faveur du secteur de l’élevage au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Celles- ci contribuent au renforcement et au maintien de la stabilité dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest à travers des actions visant à sécuriser l’accès des pasteurs et agro-pasteurs aux ressources naturelles, notamment l’eau, les pâturages naturels, les résidus de culture et les terres salées.
Citoyennes et citoyens des États membres du CILSS,
La 37ème journée consacrée aux questions de l’élevage face à l’insécurité civile constitue une opportunité pour tous les acteurs, d’approfondir la réflexion sur le sujet et d’apporter leurs contributions dans la recherche de solutions, mais surtout de jeter les bases d’une réflexion prospective sur le devenir de nos systèmes d’élevage dans ce contexte en pleine mutation.
L’élevage et plus particulièrement l’élevage mobile, en tant que composante importante de l’économie et de la sécurité alimentaire au Sahel et en Afrique de l’Ouest doit être soutenu par des actions structurantes garantissant aux pratiquants tous les droits légaux dans l’accès équitable aux ressources naturelles partagées.
Les États et gouvernements des pays du Sahel et l’Afrique de l’Ouest, doivent s’engager fortement dans la résolution des crises auxquelles le système d’élevage mobile est confronté, en l’occurrence la sécurisation du foncier pastoral.
Aussi, des efforts soutenus doivent être déployés pour créer les conditions favorisant la mobilisation des ressources financières pour la réalisation d’infrastructures pastorales structurantes basées sur une approche inclusive.
Citoyennes et citoyens des États membres du CILSS,
Je saisis donc cette occasion pour inviter nos partenaires techniques et financiers à accompagner le CILSS, qui œuvre inlassablement pour l’amélioration des conditions de vie des populations sahéliennes et ouest africaines, notamment les pasteurs et les agro-pasteurs.
Le Tchad se félicite d’avoir contribué à la création du CILSS. En tant que Président en Exercice de notre institution, je m’investirai personnellement pour que le CILSS valorise davantage ses connaissances techniques et scientifiques pour le bien-être de tous. Je m’investirai également pour trouver des solutions innovantes pour lutter contre la marginalisation de nos vaillantes populations qui font de l’agropastoralisme leur mode de vie et de production.
Avant de terminer mon allocution, je remercie au nom de toutes les sahéliennes et de tous les sahéliens, la communauté internationale pour le soutien multiforme et constant qu’elle ne cesse d’apporter au CILSS et à ses États membres, depuis plusieurs décennies et vous donne rendez-vous l’année prochaine pour la célébration de la prochaine édition de l’anniversaire de notre organisation commune
Vive le CILSS.
Vive la solidarité sahélienne et ouest africaine.
Vive la solidarité internationale.
Je vous remercie. »
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