Fin du projet Target-malaria : Un camouflet pour la Recherche

Les autorités burkinabè ont décidé, dans un communiqué du Ministère en charge de la Recherche, de mettre un terme aux activités du projet Target-malaria. Une décision qui intervient quelques jours après un deuxième (2ème) lâcher de moustiques génétiquement modifiés mâles biaisés sans impulsion génétique dans la région du Guiriko. Un camouflet évident pour la Recherche qui faisait déjà face à l’hostilité des acteurs de la société civile.

Tout se passait pourtant bien dans la mise en œuvre du Projet Target malaria au Burkina Faso. Pour ce lâcher de moustiques génétiquement modifiés mâles biaisés sans impulsion génétique, l’équipe de chercheurs burkinabè avait obtenu des autorisations afin de pouvoir effectuer leur opération. Selon une note officielle qu’il a publiée le 14 août dernier et signée de son directeur général, Dr Lazare Belemnaba, l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS) a informé qu’il a « procédé le 11 août 2025 au lâcher de moustiques génétiquement modifiés mâles biaisés sans impulsion génétique, dans le village de Souroukoudingan » dans la région du Guiriko. Le communique présente les objectifs visés par cette opération et explique que « toutes les opérations règlementaires nationales » ont été obtenues avant de procéder à ce lâcher. Ainsi, selon la note, autorisation a été obtenue auprès de l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB) en charge de la réglementation des biotechnologies et de la biosécurité ; l’Agence Nationale des Evaluations Environnementales (ANEVE) a donné un « avis favorable sur la faisabilité environnementale et sociale » de l’opération ; le Comité d’éthique pour la Recherche en Santé et le Comité d’éthique institutionnel de l’IRSS ont décidé d’approuver l’opération. Outre les autorisations institutionnelles, l’IRSS indique avoir obtenu l’accord des populations locales et de l’ensemble des personnes intervenant dans l’opération. La note précise enfin que l’opération s’est déroulée sous la supervision de l’ANB avec la participation de l’ANEVE et en présence des autorités administratives, coutumières et religieuses, des populations locales et de la société civile. Pour terminer, l’IRSS a indiqué être engagée à « consolider la souveraineté nationale en matière de recherche et d’expertise, et à proposer des solutions innovantes et fiables aux problèmes de santé. »

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Selon la note de l’IRSS, toutes les dispositions semblaient avoir été prises pour la conduite de cette opération qui n’est pas à sa première. Ce qui peut être considéré comme un sérieux dans la conduite de l’opération a sans doute pesé dans la rédaction de la déclaration liminaire de la Coalition de Veille sur les activités Biotechnologiques (CVAB) qui lors de sa conférence de presse n’a pu que remettre en doute l’adhésion éclairée des populations locales à l’opération.

Un communiqué bref et concis, ferme et probablement sans appel du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation est rendu public ce 22 août 2025. Le communique informe les populations qu’il a été mis un terme aux activités du projet Target-Malaria et toutes les dispositions ont été prises afin de procéder à la destruction des populations de moustiques génétiquement modifiés et à la mise sous scellés des enceintes contenant ces populations. Cette décision a été prise suivant des décisions rendues par l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB) en date du 18 août 2025 et la Direction générale du CNRST en date du 22 août 2025.

Target-Malaria au Burkina Faso, c’est terminé. Pertinent ou non, chacun peut y aller avec son commentaire ; mais au-delà de tout, cette mise à terme du projet laisse songeur, non pas dans son fond, mais dans sa forme.

Ahmed Traoré  

Sentinelle BF