Après trois ans de mise en œuvre du Programme d’appui à la promotion de l’entreprenariat agricole (PAPEA), l’ensemble des acteurs et partenaires de mise en œuvre du programme se sont retrouvés dans la commune rurale de Koubri les 14 et 15 juillet 2022 pour dresser un bilan. Ce bilan devrait permettre à l’Unité de mise en œuvre, les ONG Helvetas et SNV, d’évaluer le chemin parcouru et recueillir les différentes observations pour renforcer les acquis, corriger les insuffisances afin d’impacter davantage sur le développement de l’entreprenariat agricole au Burkina Faso à travers la deuxième phase du Programme. L’atelier a connu la participation de la directrice régionale du centre du Ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques (MARAH), Doro/Dao Kadidja et du directeur du PAPEA, Niko Pater.
Evaluer l’état de la mise en œuvre du Programme d’appui à la promotion de l’entreprenariat agricole (PAPEA) et faire des recommandations dont la prise en compte améliorera le contenu de la phase 2 du Programme. Ce sont essentiellement les objectifs généraux assignés à cet atelier bilan de la mise en œuvre du PAPEA dans la zone périurbaine de Ouagadougou. Pour cela, les acteurs des différentes filières cibles du PAPEA, les responsables des structures déconcentrées du département en charge de l’agriculture et de l’élevage ; et les collectivités territoriales ont répondu présents à cet atelier de Koubri.
Pour introduire les échanges, la conseillère d’affaire du centre, Roukyatou Derra a présenté un bilan de mise en œuvre du PAPEA dans sa zone de compétence. Il ressort de sa présentation qu’en trois (3) ans de mise en œuvre du PAPEA, des acquis majeurs ont été engrangés. Sur le plan de l’organisation des différents acteurs en cluster, Roukyatou Derra a indiqué qu’à la date du 30 juin 2022 ce sont en tout neuf (9) clusters qui ont été mis en place avec l’engagement des différents cofacilitateurs. Aussi, une vingtaine de stratégie collective ont été élaborée afin de permettre aux différents membres des clusters d’avoir une boussole pour leur réussite commerciale. Preuve d’un bon fonctionnement des clusters et du dynamisme des stratégies collectives, les acteurs ont réussi, selon la présentation faite par Roukyatou Derra, à réaliser d’importante transaction. Ainsi, les acteurs de la filière volaille ont pu écouler quarante mille (40.000) têtes de volailles tandis que ceux de la filière porc ont vendu quatre-vingt treize mille (93.000) têtes de porcs en trois (3) ans. Pour ce qui est de la fraise, Roukyatou Derra a indiqué que ce sont 40 tonnes de fraises qui ont été vendues à travers les canaux développés par le PAPEA dans la zone périurbaine de Ouagadougou.
Des efforts ont également été fournis afin de rapprocher davantage les institutions financières auprès des acteurs des différentes filières. Il s’agissait de contribuer à lever les contraintes liées à l’accès au financement des acteurs du secteur rural. A la date du 30 juin 2022, ce sont en tout 11.650.000 de franc cfa que les institutions de microfinances ont pu mettre à la disposition des acteurs. Aussi, sept (7) dialogues d’affaire ont été conduits en vue de faciliter davantage les collaborations et permettre aux acteurs de saisir une opportunité d’affaire bien déterminé.
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Roukyatou Derra a en outre indiqué que les activités des filières fraise et tomate dans la zone périurbaine ont connu une discontinuité dans leur déroulement pour des raisons diverses, mais les dispositions ont été prises pour une reprise des activités.
A l’issue de cette présentation, les participants à cet atelier bilan régional ont procédé à des échanges à bâton rompu avec l’équipe du PAPEA. Ces échanges ont permis d’apporter des éclaircissements et recueillir les diverses appréciations de ce qui a pu être fait en trois ans.
Cap sur les réflexions
Principale modératrice de cet atelier bilan régional, Doro/Dao Kadidja, directrice régionale du Centre du Ministre de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques (MARAH) est revenu sur les objectifs généraux assignés à cet atelier bilan et invité l’ensemble des participants à s’y mettre pour l’atteinte des objectifs. Elle a par la suite invité les acteurs à former des groupes pour réfléchir autour de certains points. Ainsi, les participants ont eu pour première tâche d’identifier les forces du PAPEA, les contraintes et de faire des propositions à prendre en compte pour son amélioration.
En termes de force, les participants ont entre autres relevés la reconnaissance officielle du PAPEA par l’Etat burkinabè, son rattachement au Programme budget 077 du Ministère en charge de l’Agriculture relatif au financement du secteur rural, l’approche systémique promue, la création des clusters et l’accessibilité du programme. Ils ont en outre relevés certaines contraintes dont entre autres les lourdeurs administratives, la faiblesse des investissements systémiques, la faiblesse dans la collaboration avec les services décentralisés, les restrictions des filières etc. Les participants ont enfin fait des recommandations résumées par la directrice régionale.
Au deuxième jour des travaux, les participants ont été regroupés en groupe d’intérêts afin d’échanger autour de thématique spécifique. Entre autres thématiques, le financement de l’entreprenariat agricole, la contribution des médias, l’emploi des jeunes et la contribution du PAPEA dans la promotion du genre et de l’équité sociale.
Les échanges se sont beaucoup attardés sur la question de l’accès au financement. Des acteurs ont exprimé le vœu de voir le PAPEA mettre en place un fonds de garantie pour leur facilité l’accès au produit financier par les institutions financières. Cette option a été discutée car l’expérience avec les fonds de garantie n’a pas toujours été heureuse. Il a alors été proposé par certains participants d’inviter le PAPEA à promouvoir des mécanismes innovants de financement et d’inviter les institutions financières à alléger les conditions d’accès au financement. Sur ce point, Hamadou Paré, Responsable innovation et développement de la Microfinance Fadima a expliqué que de façon générale, les différentes structures de financement ont atteint le pic dans l’allégement des conditions. Dans le cadre du PAPEA, il a précisé en exemple que la microfinance FADIMA a eu à accorder du crédit sans aucune garantie ou à des groupements sans récépissé. Il a alors préconisé que des appuis puissent être faits pour permettre aux différents acteurs de pouvoir se formaliser, première condition d’accès au crédit.
Au terme des échanges, les participants ont fait des recommandations diverses résumées ci-dessous par la directrice régionale, Doro/Dao Kadidja.
La directrice régionale, Doro/Dao Kadidja a salué la qualité de l’atelier et le niveau de participation des différents acteurs. Elle a dit sa satisfaction et réaffirmé sa disponibilité à soutenir la mise en œuvre du PAPEA au profit des acteurs.
Aminata Kaboré/Kafando, directrice provinciale du Kadiogo du Ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques (MARAH), la mise en œuvre du PAPEA a permis d’engranger des acquis, mais « il y a des défis à relever. Des insuffisances ont été signalées par les acteurs. Ils ont souhaité qu’un accent soit mis sur les renforcements de capacités. Aussi, il y a aussi des filières comme la pisciculture et l’embouche bovine/ovine que les acteurs ont souhaité voir être pris en compte dans la deuxième phase du projet. » a-t-elle indiqué. Aminata Kaboré/Kafando estime que la prise en compte des différentes recommandations aura un impact particulier sur le développement des différentes chaines de valeurs ciblées par le PAPEA.
Acteur de la filière fraise et président de la Coopérative Namalgam-Zanga des producteurs de fraise de Boulmiougou, Ali Tapsoba a salué la tenue de cet atelier avec la présence des acteurs de sa filière. Il a rappelé que la filière fraise a connu une année difficile en raison du ralentissement des activités du PAPEA. Il a formulé le vœu que le recrutement du nouveau cofacilitateur permettre de mettre un pied sur l’accélérateur. Il a néanmoins regretté « l’absence de financement direct » du programme. Pour lui, le PAPEA doit pouvoir dégager une ligne budgétaire pour apporter un appui financier direct aux acteurs.
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Mohammed Sango, Conseiller finance inclusive du PAPEA, a remercié l’ensemble des acteurs pour leur participation à cet atelier. « Je suis très satisfait. Je dois même dire que les résultats que nous avons atteints aujourd’hui sont au-delà même de nos attentes. J’ai constaté une forte implication des acteurs à tous les niveaux. Et chacun a donné du meilleur de lui-même pour que nous puissions faire ressortir des propositions pertinentes qui puissent être prises en compte dans l’élaboration de la phase à venir. Mohammed Sango a invité l’ensemble des acteurs à rester dans la dynamique lancée par le PAPEA pour l’atteinte des objectifs communs.
Les différents participants de l’atelier bilan de Koubri ont pu recevoir la visite du directeur du PAPEA, Niko Pater. Il est venu témoigner ses encouragements aux acteurs et réaffirmer l’engagement du PAPEA à travailler pour lever leur contrainte. Niko Pater a affirmé que l’atelier de Koubri fait suite à trois autres ateliers ténus dans les régions des Hauts-Bassins, du Nord et du Centre-Ouest les semaines écoulées. Il a fait savoir que l’ensemble des recommandations formulées par les acteurs seront rigoureusement traitées avec la Coopération Suisse et serviront de boussole pour la rédaction de la phase 2 du PAPEA. Il rassure donc l’ensemble des acteurs essentiels et autres partenaires d’une deuxième phase du projet qui révèle-t-il devrait débuter en juin 2023.
Ahmed Traoré
Sentinelle BF
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