Introduction
Le secteur agro-sylvio-pastorale au Burkina Faso occupe 86% de la population active (RGPH, 2006), fournit environ 45% des revenus des ménages agricoles (EPA) et contribue pour 30% en moyenne à la formation du PIB (PNSR 2). Le secteur offre plusieurs potentialités et des opportunités ont été créées pour stimuler son exploitation.
Pendant longtemps les actions ont été orientées vers la production végétale afin de répondre au besoin de disponibilité des produits agricoles pour améliorer la sécurité alimentaire. Cependant, ces dix dernières années, les politiques agricoles mettent de plus en plus l’accent vers une agriculture de marchés avec une approche chaine de valeur pour mieux profiter des filières agricoles. Dans ce sens, un accent particulier a été mis sur la transformation des produits agricoles dans le PNDES avec pour objectif d’accroitre de 8% le taux de transformation des produits agricoles en milieu rural. Ainsi, plusieurs projets et programmes ont appuyé la création des unités de transformation en milieu rural pour accroitre la valeur ajoutée.
La transformation des produits agricoles permet de résoudre les grands maux de l’économie tel que l’emploi, de créer de la valeur ajoutée pour les acteurs donc des revenus, de mobiliser les recettes pour les collectivités et de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire par la diversification des régimes alimentaires et l’enrichissement des produits.
Au vu des difficultés auxquelles le monde rural est confronté et de l’enjeu du développement du tissu économique, nous avons cherché à comprendre les caractéristiques des unités de transformation des produits agricoles en milieu rural.
Ce présent papier vise à caractériser l’entreprise agroalimentaire en milieu rural au Burkina et proposer des actions fortes au profit des acteurs et de l’Etat pour mieux développer la transformation des produits agricoles.
- Objectifs
L’objectif global est décrire les unités agroalimentaires en milieu rural au Burkina Faso. Il s’agira aussi de proposer des actions pour sauver les entreprises qui souffrent et pour stimuler la création de nouvelles unités de transformation.
- Méthodologie et Matériel
L’étude s’est basée sur les données collectées par la DGPER lors d’une enquête en 2017. L’objectif de cette collecte des données était de faire une photographie de ce qu’est la transformation des produits agricoles en milieu rural. Les données collectées ont été analysées à l’aide du logiciel statistique SPSS. Les variables étudiées sont principalement : sexe, âge, niveau d’instruction, forme juridique, matière première, produits finis obtenus, source d’énergie, marchés d’approvisionnement en matière première, marchés d’écoulement des produits obtenus.
- Zones d’études Les données ont été collectées dans les treize régions du Burkina sur 1053 unités de transformation.
- Résultats
Les variables ont été regroupées en grand groupes.
- Transformation des produits agricoles et emploie en milieu rural
Au total les 1 053 entreprises enquêtées emploient 50 002 personnes (permanant comme non permanents), soit une moyenne de 47,48 personnes par entreprise mais avec une forte variation d’une entreprise à l’autre. Les 50 002 employés sont repartis de la manière suivante :
- 5 847 hommes (11,74%)
- et 44128 femmes (88,25%).
La majorité des entreprises de transformation interrogées sont gérées par des femmes. Elles représentent 89% des responsables enquêtés, les hommes ne représentent que 11%. L’activité de transformation est donc féminine. La majorité des responsables sont des jeunes et les adultes. En effet 69% des responsables des entreprises enquêtées ont un âge compris entre 18-50 inclus.
- Capital humain, forme juridique et transformation des produits agricoles
L’analyse a aussi montré que 75,8% des responsables interrogés ne sont pas allés à l’école.
La forme juridique ou le statut juridique des entreprises est repartie comme suit : 59% des entreprises enquêtés sont des organisations à but non lucratif, 39% sont des entreprises individuelles et 1,6% des
entreprises ayant la forme SA, et SARL. Ce qui signifie que l’objectif premier pour la majorité des entreprises n’est la recherche de profit.
- Energie et transformation des produits agricoles
L’étude a montré également que 39,4% des entreprises interrogées n’ont aucun accès à l’énergie, 24% utilisent l’énergie de la SONABEL, 5.6% utilisent le solaire.
- Sécurité sanitaire des aliments et transformation des produits agricoles
Il faut également noté que 70% des entreprises enquêtées sont situées au domicile soit du premier responsable ou d’un employé de l’entreprise, 28% de celles-ci sont sur des sites spécialement aménagés.
Les emballages les plus utilisés par les unités de transformation sont les sachets plastiques qui représente 44,9%, ensuite les sacs 44,6%. Les emballages biodégradables ne représentent que 0,5% et les verres 1,9%. Par ailleurs 3% des enquêtés affirment ne pas avoir accès aux emballages.
15% des entreprises enquêtés n’ont pas accès à l’eau potable contre 83% qui y ont accès. La source d’eau la plus utilisée est le forage qui représente 46,4% ensuite vient l’ONEA, 39,3%.
75% des entreprises de transformation n’ont pas de magasins de stockage de leur matière première, et 77% n’ont pas de magasins de stockage de leur produit finis.
- Transformation des produits agricoles et valorisations de la production
Nous constatons une diversification des matières premières transformées. La transformation de la mangue occupe la première place en termes de quantité avec 64,05% des produits transformés, les céréales (maïs, riz et mil) n’occupant que 17,7%.
- Marchés d’approvisionnement en matière première et d’écoulement des produits
Toutes les entreprises agroalimentaires s’approvisionnent sur le marché national en ce qui concerne la matière première. 97,92% des entreprises interrogées vendent leurs produits sur le marché national contre 2,07% sur les marchés régionaux, sous régionaux et internationaux.
Conclusion
De manière générale l’étude a relevé que la transformation des produits agricoles occupent plus les femmes que les hommes, contribue à lutter contre la pauvreté et le chômage en milieu rural par la création d’emplois. Par ailleurs elle participe également dans la sécurité alimentaire des populations par la diversification des régimes alimentaires, la facilitation à l’accès économique et physiques. Cependant, les acteurs font face à d’énormes problèmes d’ordre financiers, matériel, d’accessibilité à l’énergie, à l’eau potable, de stabilité de la matière première et de la qualité de l’infrastructure physique.
Yaro Marius Yaro, Economiste agricole
Très intéressante étude de caractérisation de ce secteur. Ce secteur est à majorité à but non lucratif et contribue à renforcer la résilience des populations notamment les femmes. Fort est de constater que l’appui n’est pas conséquent et nombreuses sont ces unités qui n’ont pas accès. Cette étude pourrait servir pour un plaidoyer en faveur de ces acteurs.
Félicitations à la DGPER, félicitations à Marius YARO mon esclave mon analyse et la diffusion des résultats.