Elle est une icône de la promotion des produits locaux burkinabè. Elle, c’est Madame Carolle Sandwidi promotrice de la marque FemFaso. Malgré un parcours scolaire et universitaire qui lui a permis de décrocher un master en audit, contrôle et gestion obtenu au Sénégal, Carolle Sandwidi fait le choix de s’engager sur la voie de l’artisanat avec en toile de fond la promotion des produits locaux notamment le Faso danfani.
Dans cette interview qu’elle nous a accordée, Carolle Sandwidi revient sur son parcours en tant qu’entrepreneur, les difficultés rencontrées et les pistes à considérer pour une meilleure promotion des produits locaux burkinabè.
Sentinelle BF (SBF) : vous êtes aujourd’hui un entrepreneur modèle pour nombre de filles, alors est-ce un rêve d’enfance qui se réalise pour vous ? Ou est-ce un concours de circonstances qui vous auront conduit vers ce destin ?
Carolle Sandwidi (C.S.) : Je peux dire que ce sont les deux. D’abord, le domaine où j’entreprends, c’est le domaine de l’artisanat et la création. Et depuis l’enfance je m’amusais à créer, j’aimais tout ce qui était artistique, tout ce qui était original. Bon, mais au-delà de ça, il faut dire que j’ai étudié aussi comme beaucoup. J’ai eu mon bac, j’ai fait des études universitaires ; et ce, jusqu’à avoir mon master en audit, contrôle et gestion au Sénégal. Après mon master, j’ai travaillé pendant un an dans une entreprise, mais je me suis rendu compte que le travail de bureau ne me convenait pas. C’est pourquoi après mes un an de contrat, j’ai lors décidé de me lancer dans l’entreprenariat, de créer ma propre entreprise et de vivre ma passion.
SBF : FemFaso, c’est le nom de votre entreprise. Alors quelle présentation pouvez-vous faire de cette structure ?
C.S. : Moi, mon entreprise est spécialisée dans la promotion, la valorisation du Faso danfani. Ici, c’est vraiment la promotion, la valorisation de ce qui est burkinabè, ce qui est fait main. J’utilise le Faso danfani, je crée des accessoires, des produits pour les entreprises et la décoration intérieure.
SBF : Vous êtes une icône de la promotion des produits locaux, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cette promotion des produits de notre terroir ?
C.S. : Je vais d’abord parler des difficultés que nous rencontrions en tant qu’entrepreneur. Si tu veux entreprendre dans le contexte burkinabè il faut faire avec la négativité des gens. Par exemple quand tu as fait de longues études, comme ce fut mon cas, les gens ne veulent pas t’encourager. Tes parents, tes amis et autres proches refusent de comprendre que tu veuilles entreprendre alors que tu as fait de longues études. Et moi dans mon cas, comme je voulais entreprendre dans le domaine de l’artisanat il m’était dit que c’est seuls ceux qui ne sont pas allés à l’école, ceux qui ont échoué à l’école qui doivent chercher à évoluer dans ce domaine. C’est donc assez compliqué. Il faut d’abord se forger, avoir confiance en soi et avoir un objectif sinon on pourra être découragée et abandonnée le projet. Et maintenant, dans mon domaine de spécialisation, nos produits sont considérés comme des produits touristiques. La plus part du temps, quand quelqu’un vient chez moi c’est qu’il voyage et il veut acheter un produit pour quelqu’un qui est en Europe qui aime le produit. Mais, c’est difficile d’avoir des clients qui vont acheter les produits pour consommer, si ce n’est pas des produits vestimentaires. Alors que moi je fais plus dans la création et dans l’accessoire. Donc nous avons du mal à faire consommer nos produits par les burkinabè. C’est pourquoi, lorsque nous créons nous devons faire beaucoup de communication autour pour de nos produits pour les faire connaitre et les faire consommer.
SBF : Les produits locaux sont-ils réellement à la portée du burkinabè moyen ?
C.S. : Tout est une question de choix. Les gens peuvent aller dans une alimentation, une boutique et acheter des chaussures, des costumes d’un créateur italien à 100.000 franc cfa, 200.000 franc cfa, mais pourquoi ils ne veulent pas miser même moins que ça pour acheter nos produits. Donc c’est plutôt une question de choix, les gens ne sont pas encore intégrés l’acquisition de nos produits locaux dans leur habitude. Si quelqu’un peut débouser 100.000 franc cfa pour un sac d’une marque italienne, mais ne veut débourser 25.000 franc cfa pour un sac en faso danfani, il y a un problème.
SBF : Dans votre parcours entrepreneurial, avez-vous déjà une fois estimé que le fait d’être femme était un handicap pour vous ?
C.S. : Bien sûr. Vous savez, je travaille avec beaucoup d’artisans, des hommes pour la plupart, et lorsque tu es une femme, il y a des hommes qui ne veulent pas qu’une femme crie sur eux. Et au-delà de ça, il y a les harcèlements que nous affrontons. Tu peux aller voir un monsieur pour t’aider pour la réalisation d’un projet, mais il va tout de suite commencer à te faire des avances ; et des avances inacceptables. Et en tant que femme, avec les obligations familiales c’est pas du tout simple.
SBF : Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui veulent entreprendre et réussir ?
C.S. : C’est surtout d’avoir de la confiance en soi et se battre avec persévérance pour la réalisation de son projet. Lorsqu’on entreprend on rencontre des échecs à coup sûr ; il faut savoir tirer les leçons ces échecs successifs. C’est en tirant ces leçons que l’on réussit à faire développer son entreprise.
SBF : Un appel à lancer à l’endroit des autorités burkinabè et des populations burkinabè.
C.S. : C’est essentiellement un appel à la consommation des produits locaux. Ce sont des produits de qualité. Nous demandons aux autorités burkinabè d’adopter des politiques de promotion des produits de l’artisanat. Nous invitons aussi les populations à vraiment consommer nos produits parce que ce sont des produits de qualité qui vont les mettre en valeur.
Propos recueillis par
Ahmed Traoré et Mamouna Zongo
Sentinelle BF

Commentez