Louise Bouda, une Mastodonte de l’élevage de porc à l’école du PAPEA

« Le Programme d’appui à la promotion de l’entreprenariat agricole (PAPEA) m’a instruit. Je suis sans mot face à tout ce que le PAPEA a fait pour moi. » C’est par ces mots que Louise Bouda/Kama a traduit toute sa déférence à ce programme financé par le Bureau de la Coopération Suisse et mis en œuvre par le Consortium Helvetas-SNV avec la co-facilitation de bureaux comme SAGRASY Consulting. Ce grand nom de l’élevage de porc dans la région du Centre-Ouest, particulièrement dans la province du Boulkiemdé, a su impulser une dynamique nouvelle à son activité grâce au PAPEA.

C’est en 1974 que Louise Bouda/Kama a fait ses premiers pas dans l’élevage de porc sous la coupe de sa mère et avec les moyens de bord. Très vite elle y prend goût et décide de travailler avec acharnement pour faire de cet élevage son activité principale. Elle acquiert de l’expérience et un savoir-faire pointu dans ce secteur d’activité. Tout cela lui a permis d’avoir une bonne maitrise de tout le maillon de la chaîne de production porcine. Près de cinquante (50) ans après, Louise Bouda/Kama est toujours dans l’élevage de porc et ne nourrit aucun regret. « Aujourd’hui, moi je suis fière d’être dans l’élevage de porc. Cette activité m’a permis de réaliser beaucoup de choses dans ma vie. A la suite de la disparition de mon époux, c’est cette activité qui m’a permis d’inscrire mes enfants à l’école puis à l’université » indique cette productrice de porc modèle dans la région du Centre-Ouest.

L’expérience acquise par madame Bouda lui a permis de ce faire un nom et une référence dans la région du Centre-Ouest lorsqu’il s’agit d’élevage de porc. C’est pourquoi, les responsables de la Chambre régional d’agriculture l’ont fait appel lorsqu’il s’est agit de rencontrer les équipes du PAPEA qui entendaient poser les bases de son programme de développement des systèmes de marchés dans les chaînes de valeur porc dans cette région du Burkina Faso. C’est ainsi qu’a eu lieu la première rencontre entre le PAPEA et Louise Bouda/Kama. Cette première rencontre a permis à l’ensemble des acteurs des différents maillons de connaitre le PAPEA et l’approche systémique qu’il entend promouvoir pour soutenir le développement de la filière porcine. A l’issue de cette rencontre, Louise Bouda/Kama dit avoir compris qu’elle venait de découvrir un bon filon pour impulser le développement de son activité. Elle a depuis lors fait du PAPEA son allié, un allié stratégique pour son activité. Elle a intégré le cluster porc du Boulkiemdé et prend activement part aux différentes activités.

                                              L’instructif PAPEA

« Ce que le PAPEA a apporté dans mes activités est immense, çà je dois le reconnaitre » fait noter cette tête couronnée de l’élevage de porc basée dans la ville de Koudougou. Elle explique avoir élargir son réseau de partenaire d’affaire grâce aux activités du Programme. En effet lors des sorties terrains avec l’équipe de co-facilitation dirigé par Monsieur SANOU Daouda de SAGRASY Consulting pour la mobilisation des potentiels acteurs membres du cluster, elle a pu se faire un certains de contacts et donc de potentiels futures collaborateurs.

Aujourd’hui, Luise Bouda/Kama dénombre au moins quatre cent (400) partenaires avec lesquels elle a pu travailler. Ces partenaires se comptent parmi les producteurs, les transformateurs locaux, les charcutiers, les fournisseurs d’intrants, les services d’appui de la direction régionale et provinciale des ressources animales, des cabinets d’appui conseil mais aussi des projets et programmes. Cela l’a permis de constater un intéressant bond sur son chiffre d’affaire.

Paul Kaboré travaille avec Madame Bouda dans le cadre du PAPEA.

Partenaire de madame Bouda, Paul KABORE est transformateur de porc dans la ville de Koudougou. Dans le cadre du PAPEA, il est un membre tout aussi actif du cluster porc du Boulkiemdé, il vend du porc au four au secteur 4 de la ville de Koudougou. Quotidiennement, ce ne sont pas moins deux porcs qui passent dans les fours de ce jeune transformateur. Il indique avoir travaillé avec madame Bouda depuis bien longtemps. « Madame Bouda reste un de mes partenaires. Nous travaillons ensemble depuis un temps et tout se passe bien. Je ne peux quantifier le nombre de porcs acheté avec elle, mais c’est vraiment trop. » confesse-t-il. Et comme avec madame Bouda, Paul KABORE affirme travailler avec bien d’autres acteurs membres du cluster. « Eux aussi sont mes clients, car ils passent bien souvent acheter le porc au four ici. Nous sommes devenus une famille grâce au PAPEA. »

Grâce à la dynamique organisationnelle des acteurs soutenue par le PAPEA dans la région du Centre-Ouest, les acteurs du maillon production de la chaîne de valeur porc ont reçu une promesse de marché de plus de 3000 carcasses de porc étalé sur toute l’année 2022. Cette opportunité impose que les acteurs membres du cluster porc du Boulkiemdé travaillent d’arrache-pied pour pouvoir satisfaire la demande. Louise Bouda/Kama le relève et traduit sa gratitude au programme. Elle poursuit en affirmant que le PAPEA lui a ouvert les portes de l’Université Norbert Zongo de Koudougou. C’est ainsi qu’elle a pu animer une conférence publique et partager son expérience de productrice de porc avec des jeunes étudiants. « Après cette conférence, j’ai reçu un grand nombre d’étudiants qui sont passés me voir pour faire la pratique et renforcer leur connaissance. » confesse-t-elle. En effet, le cluster compte en son sein des étudiants qui se sont lancés dans l’activité de l’élevage du porc à la suite de la conférence qu’il a tenue à l’université.

Au détour d’un atelier organisé par le PAPEA à leur profit, Louise Bouda/Kama indique avoir appris une leçon qui allait réorienter son approche de l’élevage de porc et rendre son activité encore plus performante. « Si aujourd’hui, j’ai deux sites de productions, c’est grâce au PAPEA. » affirme-t-elle. Elle poursuit en expliquant qu’au cours de cet atelier, les représentants de la direction provinciale des ressources animales du Boulkiemdé ont conseillé aux différents membres du cluster porc, au regard des contraintes techniques et alimentaires qui existent dans la pratique de cette activité, de faire le choix d’une spécialisation de leur élevage, cela entre l’élevage « naisseurs et embouche » afin d’être encore plus efficace. Elle décide alors de s’engager personnellement dans la production de porcelets (naisseur) et de construire un autre site où son fils va se consacrer à faire l’embouche. « Cela m’a vraiment facilité la tâche et la rentabilité est encore plus grande. Je gagne presque trois fois plus que ce que je gagnais avant. »

En effet la semaine précédant notre reportage, elle affirme avoir livré 25 porcelets vendu entre 12.000 et 17.500 FCFA à certains producteurs membres du cluster porc du Sud (Sissili-Ziro). C’est la preuve que ce choix s’avère payant pour elle. Elle pourra ainsi accroitre ses capacités de production et créé deux nouveaux emplois pour des jeunes.

Louise Bouda s’est dit très satisfaite du PAPEA

Louise Bouda/Kama a traduit ses remerciements au PAPEA et salué la pertinence de son approche. Pour elle, cette approche est à soutenir car elle permet aux acteurs de prendre eux-mêmes leur responsabilité dans la mise en œuvre de leur activité, l’équipe de co facilitation étant en arrière-plan juste pour soutenir la dynamique voulue par les acteurs. Elle a en outre invité l’ensemble des acteurs membres du cluster porc du Boulkiemdé à travailler comme il se doit pour tirer le meilleur profit du PAPEA de sorte que la fin du programme ne marque pas le début du désagrément des acquis. « Nous voulons que même après le PAPEA la dynamique de croissance soit maintenue au niveau de nos différentes activités et qu’on continue à parler en bien de ce programme-là et que nos rencontres régulières s’inscrivent dans la durabilité. »

A. TRAORE Correspondance spéciale

Sentinelle BF