La filière avicole bat de l’aile au Burkina Faso. Depuis la réapparition de la grippe aviaire, les producteurs de volaille broient le noir et ont perdu le nord face aux ravages de cette impitoyable zoonose. Abandonnés ou oubliés par l’Etat, les producteurs assistent impuissants à la noyade de leur filière et partant, de leur investissement.
La situation sécuritaire nationale marquée par une recrudescence des attaques terroristes dans plusieurs régions du pays et le coup d’Etat militaire survenu le 24 janvier dernier ont contribué à revoir profondément les priorités et les engagements de l’Etat. Ce sont là sans doute les raisons qui expliquent ce manque d’attention et d’intérêt de l’Etat et des populations face à la résurgence de la grippe aviaire constaté depuis le 13 janvier 2022 au Burkina Faso.
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Au cours de son point de presse sur l’état de la grippe aviaire au Burkina Faso, le 14 janvier dernier, l’ancien Ministre en charge des Ressources animales, Moussa Kaboré avait révélé que le pays avait déjà perdu plus de 500.000 têtes de volailles, plus de 1.300.000 plaquettes d’œuf et que près de 52 millions de têtes de volailles sont dans le collimateur du virus H5N1. Face à la situation, il avait annoncé au nom du gouvernement, le renforcement des moyens techniques et matériels des agents et la mobilisation d’un fonds de 3,8 milliards de franc cfa pour l’indemnisation des producteurs qui verront leur volaille abattue pour cause de grippe aviaire.
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Depuis la sortie du Ministre Kaboré, les producteurs sont dans l’attente ; l’attente de la mise en œuvre des actions que leur Etat a pris en leur faveur, pour soutenir une filière porteuse qui perd l’équilibre face à un virus qui se dissémine malicieusement à travers tout le pays.
Mais depuis, la sortie du Ministre Kaboré, il y a eu les évènements des 23 et 24 janvier 2022 qui ont eu raison du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré. Le gouvernement a été balayé et jusques-là, l’Homme fort du pays, le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba n’a pour le moment pas de premier ministre, ni de gouvernement. La priorité reste la réorganisation des Forces de défense et de sécurité, des volontaires pour la défense de la patrie et la remobilisation populaire pour répondre à la crise sécuritaire. La priorité des efforts est aussi orientée vers la parade juridico-constitutionnelle à opérer pour légitimer le pouvoir conquis par les armes en janvier dernier.
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En attendant que tout reprenne au sommet de l’Etat, le virus H5N1 de la grippe aviaire se délecte. Il poursuit ses ravages sans limite. Les producteurs se tournent vers les Chefs de Zone d’appui technique à l’élevage (ZATE), mais sans suite. L’inorganisation du département ministériel renforce le fait que ces chefs ZATE soient devenus des spectateurs qui sont obligés de fuir par moment leur responsabilité.
En dépit de l’insécurité qui sévit et de l’instabilité politique constatée depuis janvier 2022, il est impératif que des actions soient conduites pour soutenir cette filière avicole dont la contribution à l’essor économique du Burkina Faso et à l’autonomisation économique des jeunes et des femmes n’est plus à démontrer. L’Etat est défaillant actuellement et il faut bien que des Organisations non gouvernement, partenaires techniques et financiers du pays prennent le relai pour soutenir de façon ferme et déterminante cette filière face au virus de la grippe aviaire.
La rédaction
Sentinelle BF
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