Cacao – Cote d’Ivoire: ADO le Séducteur

Indéboulonnable leader mondial de la production de cacao, la Côte d’Ivoire est à l’orée d’une élection présidentielle à hauts risques sur la stabilité du pays, tant les contradictions sont extrêmes. Candidat controversé à sa propre succession, le Président Alassane Dramane Ouattara (ADO) reste néanmoins focaliser sur sa campagne multipliant les opérations de charme auprès de lectorat. Et les acteurs du monde rural, notamment les producteurs de cacao sont prioritairement dans le viseur du président sortant.

Au bord de la Lagune Ebrié, ils sont plus de 5.000.000 de personnes qui vivent du cacao, une filière qui représente 40% des recettes de l’exportation. Les acteurs de cette filière restent confrontés à de nombreuses difficultés qui font couler les espoirs de prospérité de cette population travailleuse. La sous-évaluation constante du kilogramme de fève de cacao et la non transformation du cacao sur place sont pointés du doigt par les producteurs de l’Or brun depuis plusieurs années. L’avènement de la Covid-19 est venu marqué davantage la souffrance des producteurs de cacao qui ne savaient plus à quel Saint se vouer et qui entrevoyaient en conséquence la campagne 2020-2021 sous le prisme de l’Apocalypse. Mais, cet type d’Apocalypse dans un secteur tel celui du cacao ne peut se réaliser à l’orée d’une élection présidentielle dans un pays qui connaît une stabilité suffocante.

Deux usines de transformation de cacao. Le 22 septembre dernier, le Président ADO a procédé à la pose de la première pierre de deux nouvelles usines de transformation de cacao situées respectivement à Abidjan et à San Pédro. Les deux usines devraient avoir chacune, une capacité de transformation de 50.000 tonnes par an.Elles viendront sans doute améliorer la capacité de la Cote d’ivoire à transformer son cacao sur place, puisque le pays ne transforme qu’un quart de sa production nationale de cacao. En plus de ces usines, la Cote d’ivoire sera également doté de deux entrepôts de cacao d’une capacité de 300.000 tonnes. Ce projet a été financé par la Chine à hauteur de 216 milliards de franc cfa. Un prêt que naturellement le pays remboursera sur plusieurs années.

Le kilogramme de cacao fixé à 1.000 franc cfa. C’est un véritable coup de chapeau que le locataire du Palais de Cocody a réalisé. Un coup qui va sans doute rallier cette masse de producteurs de cacao qui souffrent toujours le martyr entre deux élections et qui retrouvent le sourire à la veille de chaque élection. Pour la première fois depuis la campagne 2016-2017, le prix du kilogramme de cacao touche la barre symbolique de 1.000 franc cfa. Les enjeux liés à l’élection présidentielle ont contribué à amortir le choc de la Covid-19 sur la filière cacao ; et c’est tant mieux. 1.000 franc cfa, c’est bon, mais ce n’est pas arrivé… comme le dirait ce jeune commerçant du marché de Koumassi. Il faudrait bien s’organiser pour que les efforts des producteurs ne soient pas vendangés même hors année électorale.

Politiquement, c’est évident que le Président Ouattara a marqué inintéressants points à la veille de ces élections auprès des producteurs de cacao. Il y aura sans doute également un retour de l’ascenseur. Il est néanmoins impératif que les acteurs de la filière cacao ne perdent pas de leur lucidité face aux actions d’éclats des politiques. Ces derniers ne manqueront pas d’intelligence pour séduire et faire craquer ces producteurs… pour ensuite les faire regretter entre deux élections.

Sentinelle BF

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