Interview : « L’élevage, c’est le domaine de l’avenir et les jeunes gagneraient à s’y investir » Landry Sawadogo, promoteur de Agrocorp

Engagé pour le développement de l’élevage, il l’est. Convaincu que le secteur de l’élevage est un secteur porteur, sûr et capable d’accélérer l’autonomisation économique des jeunes et des femmes, Landry W. Rachid SAWADOGO, ingénieur de formation et spécialiste en productions animales, a porté sur les fonts baptismaux une structure spécialisée dans l’élevage pour permettre au Burkina Faso et aux burkinabè de tirer le meilleur profit du secteur de l’élevage. Sa structure, Agrocorp Sarl fait figure de leader dans le triple sous-secteur de l’aviculture, de la porciculture et de la pisciculture au Burkina Faso. Nous sommes allés à la rencontre de ce promoteur qui veut donner un nouveau souffle à l’élevage au Burkina Faso et dans la sous-région ouest-africaine.

Sentinelle BF : Nous allons déjà vous demander de vous présenter à « nos sentinelles » ? Qui est Landry Sawadogo et que devrions-nous savoir sur le jeune entrepreneur que vous êtes ?

Landry SAWADOGO : Je suis Landry W. Rachid SAWADOGO, ingénieur de formation et spécialiste en productions animales. Depuis très jeune, j’ai toujours voulu faire ce qui me plaisait, par ces mots je veux dire que j’ai toujours eu un goût pour l’entreprenariat. J’ai commencé à faire beaucoup d’autres activités lorsque j’étais au secondaire. C’est par la suite que j’ai fait le choix souverain de me former conséquemment dans le secteur de l’élevage et d’entreprendre dans ce secteur qui reste à tout point de vue un secteur porteur.

Vous êtes un jeune entrepreneur qui a fait le choix d’investir dans le secteur de l’élevage, qu’est-ce qui a motivé ce choix professionnel ?

C’est vrai qu’ici au Burkina Faso quand on dit qu’on veut entreprendre dans le secteur de l’élevage, les gens se demandent d’abord ce que tu vas faire là-bas et tiennent bien souvent des propos qui tendent à vous démotiver. Lorsqu’on parlait d’élevage c’était plutôt pour des personnes qui ont échoué partout et qui cherchent désespérément à s’en sortir.  Les mentalités commencent à évoluer fort heureusement. Les gens se rendent compte qu’effectivement l’élevage est un secteur porteur et crédible qui n’est pas réservé aux personnes qui ont échoué partout. L’élevage est d’ailleurs considéré comme un important levier pour lutter efficacement contre la pauvreté, accélérer l’autonomisation économique des jeunes et booster le développement du pays.

L’État a montré ses limites à pouvoir employer les jeunes demandeurs d’emploi, est-ce  qu’entreprendre dans le secteur de l’élevage est une alternative crédible pour un avenir radieux des jeunes ? Et même du Burkina Faso ?

Bien évidemment. L’élevage est un créneau à 100% sûr. Disons que nous ne sommes pas autosuffisants. Alors, nous investissons dans un domaine où le Burkina Faso est déficitaire. Lorsque vous prenez le secteur de la volaille, nous continuons d’importer la volaille de consommation d’autres pays. Et cette importation est faite parfois légalement, mais il y en qui le font clandestinement avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur la santé de nos populations. Cela montre que nous n’arrivons pas à satisfaire les besoins de consommation des populations en volailles. Pourtant, nous avons les moyens et la capacité de pouvoir réussir dans le secteur de l’aviculture et satisfaire les besoins de consommation de nos populations. Donc entreprendre dans le secteur de l’aviculture par exemple ne peut qu’être porteur, mais il faut nécessairement travailler à avoir une formation de qualité sur les meilleures techniques de production, et avoir les structures et les ingénieurs les plus avertis pour vous accompagner au besoin,  cela vous permettra d’avoir des volailles de qualité ; et une fois que vous avez cette volaille de qualité, vous n’avez plus à vous inquiéter du marché… d’ailleurs vous ne pourrez pas satisfaire la forte demande. C’est pourquoi j’estime que l’élevage, c’est le domaine de l’avenir et les jeunes gagneraient à s’y investir.

Entreprendre et réussir dans le secteur de l’élevage ne seraient possible que si les entrepreneurs sont bien formés et accompagnés par des structures qui ont une certaine expertise dans le domaine. Et vous êtes promoteur d’une structure qui reste une référence dans ce domaine, alors présentez-nous davantage votre structure Agrocorp ?

Oui, je suis le promoteur d’Agrocorp Sarl. C’est une structure qui intervient dans le domaine de l’Agrobusiness, en particulier le secteur de l’élevage. Nous sommes davantage spécialisés dans les domaines de l’aviculture, de la porciculture et de la pisciculture. Ici, nous partons du principe que pour réussir n’importe quel projet dans le secteur de l’élevage, il faut une formation de qualité, une formation qui soit à la hauteur des objectifs de tout un chacun. Il ne faut pas se lancer dans l’activité et se rendre compte qu’on n’était effectivement pas prêt. Si nous prenons Ouagadougou tout autour, nous verrons des fermes qui sont là, mais qui ne fonctionnent plus, il n’y a plus rien et qui sont par moment mises en location. C’est parce que ces gens-là se sont aventurés dans cette activité sans formation, sans accompagnement. C’est pourquoi nous, nous proposons d’abord la formation dans des domaines bien spécifiques pour commencer ; et ensuite un accompagnement technique pour suivre l’évolution pas-à-pas des personnes formées. Donc, tous ceux qui font la formation à notre niveau, nous les accompagnons techniquement. Nous offrons également un accompagnement technique aux personnes qui sont déjà engagées dans un projet d’élevage de poulets, de porcs et de poissons. Nous menons aussi des études complètes et l’accompagnement du projet, c’est-à-dire de la préparation de votre projet jusqu’à sa mise en œuvre. Le problème que les producteurs rencontrent surtout, c’est le manque d’accompagnement, c’est un sérieux problème. Pourtant, il faut cet accompagnement pour qu’ils puissent exploiter les performances maximales de leur effectif. Nous proposons donc nos services à ces différents producteurs à travers la vente de matériels, d’aliments et tout ce qui est équipements. Le tout est pour nous de mettre à la disposition de tous les raisons solides de réussir avec la manière. Il ne suffit pas de se lancer, il faut se lancer et réussir. Agrocorp est là pour vous aider à vous lancer et surtout à réussir.

Dans le sous-secteur de l’aviculture dont vous êtes spécialisés quels sont les types de services ou d’offres que vous proposez aux jeunes qui veulent se lancer dans ce secteur ?

Pour ce qui est de l’aviculture, nous faisons dans la formation, comme dit plus haut, la distribution des intrants (aliments, les poussins, les coquelets, le matériel, etc.) et l’appui-Conseil (l’appui technique). Nous ne faisons pas que vendre le matériel, nous ne faisons pas que la formation, nous accompagnons surtout techniquement pour permettre à tout un chacun de se lancer et de maîtriser la chaîne. On ne s’arrête pas là puisque nous les aidons à vendre leur produit. C’est important, il ne suffit pas de produire. Nous aimons dire lors de nos formations que nous sommes déficitaires. Il ne faut pas que les producteurs s’inquiètent du « Comment vendre ? ». parce que le marché est là. Il faut juste s’occuper à fournir des produits de qualité, être régulier dans la production. Une fois qu’on a pu intégrer la chaîne, c’est fini. C’est plus facile de vendre que de produire en qualité.

Est-ce une bonne option pour les jeunes d’investir dans ce domaine de l’aviculture, est-ce qu’il y a vraiment du marché à prendre, est-ce qu’il y a de la place pour les jeunes ?

Au plan national, il y a un besoin pressant de consommer du poulet. Si nous prenons les statistiques de 2014, pour la seule ville de Ouagadougou nous étions à un besoin de consommation journalier de 50.000 poulets. Lorsque nous faisons une projection pour nous trouver en 2020, on constate d’abord que la population de Ouagadougou a augmenté, il va de soi que les estimations de consommation journalier de poulet ont augmenté. Et j’estime aujourd’hui à environ 100.000 poulets consommés seulement dans la ville de Ouagadougou en 2020. Au regard du niveau de vie et de la démystification autour du poulet, cette estimation n’est sans doute pas en deçà de la réalité.

On sait également qu’il y a des acteurs qui sont déjà dans l’aviculture, mais qui rencontrent d’énormes difficultés, est-ce que Agrocorp a aussi des offres qui puissent leur permettre de sortir de leur difficulté et nouer avec la prospérité ?

Pour réussir un projet avicole, il y a beaucoup de paramètres qu’il faut considérer. Il y a l’organisation de la ferme. Il faut que le producteur arrive à savoir que sa ferme est une entreprise et qu’il faut une organisation interne. Ensuite, il faut la technique, la maîtrise technique. Et Agrocorp offre tous ces paramètres aux producteurs pour pouvoir évoluer de façon sereine sur son projet. Lorsqu’un producteur rencontre des difficultés, Agrocorp se tiendra à ses côtés pour d’abord faire un diagnostic de la ferme pour identifier les problèmes et ensuite nous proposons des solutions claires qui lui permettront de pouvoir nouer ou renouer avec la prospérité dans sa ferme.

Agrocorp se veut être également spécialiste de la porciculture, quels types de services offrez-vous de façon spécifique aux acteurs de ce domaine ?

Dans le secteur de la porciculture, nous offrons nos services dans la mise en place des fermes. Nous proposons des solutions non seulement au niveau du bâtiment, nous sommes dans un pays chaud où l’élevage de porc demande une certaine température et dans la construction du bâtiment nous fournissons notre savoir-faire et notre expertise pour avoir un bâtiment de qualité. Ensuite, il y a la sélection, le sujet même à élever, et le mode de production parce qu’il y a plusieurs modes de production. Nous proposons en fonction du budget du producteur, le type d’élevage qui conviendrait à son budget et l’accompagnement qu’il lui faut pour pouvoir investir et réussir ; Et enfin la vente, l’écoulement de son produit, parce que c’est très important.

La porciculture est-elle réellement porteuse au Burkina Faso ? Il y a-t-il vraiment des solides raisons qui doivent amener les jeunes à investir dans ce secteur ?

La viande de porc au Burkina Faso est très prisée et il y en a qui font une véritable fortune là-dedans. Donc, je dirais que la viande de porc ne suffit pas, il suffit d’en produire de qualité. Et aussi, il ne faut pas passer sous silence le fait que la viande de porc est beaucoup utilisée en charcuterie. Mais là il faut vraiment la viande de grosse qualité, c’est-à-dire avec le minimum de graisse possible. Pour pouvoir avoir un bon porc charcutier, il faut que les méthodes de productions soient vraiment bonnes et efficaces. C’est dire que si vous n’avez pas les meilleures techniques de production, vous produirez un porc certes, mais un porc trop gras.

La pisciculture. Voilà un autre domaine dont votre structure est spécialisée. C’est un domaine sans doute peu connu au Burkina Faso, est-ce malgré tout un secteur porteur qui peut permettre aux jeunes de pouvoir accéder à l’indépendance financière ?

Parfaitement. Tout simplement parce que nous ne produisons pas assez de poissons. Nos importations de poissons dépassent très largement ce que nous produisons au niveau national. Plus de 80% du poisson consommé ici au Burkina Faso est importé. Il y a donc de la place à se faire sur ce marché-là. Il suffit d’avoir les bonnes techniques de production et les connaissances qu’il faut pour pouvoir fournir du poisson de qualité surtout. Nous savons tous que lorsque nos populations apprennent qu’il y a du poisson d’eau douce que se vend dans un endroit donné, il ne suffit pas ; dès que ça vient c’est fini. C’est pour dire que la production locale est beaucoup prisée. C’est juste que nous n’arrivions pas à satisfaire cette demande.

Peut-on réussir à booster la production locale de poissons, vulgariser par exemple la pisciculture au Burkina Faso afin de limiter l’importation tout azimut de poissons ?

C’est possible et je crois bien que nous allons y arriver. Agrocorp saura en tout cas apporter sa contribution pour l’atteinte d’un tel objectif. Beaucoup n’ont pas l’information et les connaissances sur les techniques d’élevage de poissons. Il y a de nouvelles techniques qui sont là que nous, nouvelle génération d’ingénieurs, travaillons à proposer aux populations. Il y a de nouvelles techniques qui permettent aux populations de pouvoir produire du poisson même à domicile sans problème. Imaginez que chaque ménage arrive à produire ne serait-ce que 500 kilogrammes de poissons, vous-voyez ce que ça fait. C’est pour dire que nous pouvons produire, nous avons les moyens et le potentiel pour pouvoir produire suffisamment de poissons surplace, maintenant comment cela se fait, les gens ne le savent pas. Agrocorp se fait donc le devoir de mettre à la disposition de tous les connaissances et les techniques permettant de pouvoir faire une pisciculture de qualité et rentable.

Existe-t-il un dispositif simple, fiable et peu couteux pour faciliter élevage des poissons au Burkina Faso ?

Je dirais qu’il en existe. Et Agrocorp a pensé à cela en mettant en place un système peu coûteux qui permet de faire l’élevage de poisson que ce soit à domicile avec l’eau de l’ONEA ou que ce soit dans une ferme. Et même que vous pourriez l’associer à d’autres types d’élevage. Ce système permettra sans doute de dynamiser le secteur de la pisciculture au Burkina Faso et d’inciter les jeunes à se lancer dans la pisciculture. C’est un système fiable qui a été conçu pour donner un nouveau souffle à la pisciculture burkinabè et aussi pour donner des espoirs d’emplois et d’auto-emplois aux jeunes.

Se lancer dans un tel projet avec votre dispositif ne va-t-il pas faire exploser la facture d’eau ?

C’est tout là l’intérêt de ce système. Si nous avons travaillé sur ce dispositif pendant plus d’une année, c’était vraiment pour pouvoir arriver à mettre en place un système peu coûteux sur toute la ligne, et très rentable pour le pisciculteur. En réalité le système se prend lui-même en charge. Vous ne verrez pas votre facture d’eau exploser, et vous produirez beaucoup de poissons. Nous avons pris le temps qu’il faut pour se rassurer que ce système ne rendra pas du tout votre facture salée. Il y a beaucoup qui pensaient que pour faire la pisciculture, il fallait faire un forage. Combien coûte un forage? Combien de personne ont les moyens de pouvoir faire un forage ? Avec notre dispositif, vous n’aurez aucunement besoin d’un forage. Avec seulement l’eau servie par l’ONEA vous ferez votre élevage de poisson correctement.

L’autre problématique pourrait être les alevins. Agrocorp dispose t-elle d’alevins de qualité qui sont adaptés à notre climat chaud ?

La question est pertinente. Déjà il faut dire que sur le marché il y a beaucoup de souches. Mais, nous avons signé des conventions avec des pisciculteurs et des reproducteurs qui ont des éleveurs qui produisent des alevins de très bonnes souches que nous mettrons à la dispositions de tous ceux qui en ont besoin. Je dois préciser que notre système est fourni avec les alevins. C’est-à-dire qu’une fois que vous prenez notre système, vous avez automatiquement droit à des alevins de qualité pour commencer.

Au-delà de ces trois domaines de spécialisation, Agrocorp a-t-il d’autres services à offrir aux populations ?

Nous offrons des formations dans le domaine de la production laitière, en embouche bovine et ovine, en cuniculture. Ce ne sont pas des formations groupées, mais des formations individuelles à la demande des acteurs, pour le moment.

Agrocorp n’offre-t-elle pas des services élitistes aux populations, notamment aux jeunes ? Ou plus simplement est-ce que les services de votre structure sont accessibles à tous ?

Nous sommes jeunes, nous sommes avec les jeunes, nous ne pouvons donc que proposer des services qui soient à la portée de la majorité des jeunes. Nos coûts sont vraiment des coûts étudiés, ce sont sans doute les meilleurs tarifs qu’on puisse offrir.

Agrocorp est située à Ouagadougou, faut-il conclure que les populations des autres localités du Burkina Faso ne peuvent pas bénéficier de vos services ?

Nous avons notre siège à Ouagadougou, mais nous suivons des fermes partout au Burkina Faso. Nous les accompagnons dans leur projet avec la même passion et la même envie sans souci. Nous pouvons nous déplacer au besoin pour toutes ces fermes hors Ouagadougou.

Qu’est-ce qui fait la particularité et quelles sont les valeurs sur lesquelles repose Agrocorp ?

A Agrocorp, nous sommes motivés par ce que nous faisons. Notre souhait, c’est la réussite pour tous les éleveurs parce que nous même nous sommes des éleveurs. Nous nous sentons responsable d’une manière ou d’une autre de l’échec de tout éleveur. C’est pourquoi nous mettons toute notre expertise, toute notre énergie et notre intelligence pour asseoir le succès à tous les éleveurs qui travaillent avec nous.

Nous sommes à la fin de notre entretien, il y a-t-il un point sur lequel vous souhaiterez revenir ou un mot à l’endroit de certains acteurs ?

Je dirais plutôt un mot à l’endroit de tous les burkinabè qui continuent de douter encore du potentiels que regorge l’élevage au Burkina Faso. Ce domaine reste inexploité. Lorsqu’on nous compare à d’autres pays, vous verrez qu’on dit que le Burkina est un pays d’élevage, mais on a rien, on a pas grand-chose. Pourtant, nous avons le potentiel. Lorsqu’on parle de potentiel, ce n’est pas de la fiction, c’est réel. Donc, je demande à ce que tous ceux qui peuvent accompagner ce domaine qu’ils n’hésitent vraiment pas. Je ne parle pas de l’État seulement, mais le privé aussi. Il faut également que les jeunes et les femmes s’engagent dans ce domaine pour accélérer leur autonomisation et booster par ricochet le développement de notre cher pays.

Propos recueillis

C.V.T.

J.B.

Sentinelle BF

S’informer pour mieux produire.