Nigeria: La Banque centrale sommée de bloquer les demandes des importateurs de produits alimentaires en devises étrangère par le président

Muhammadu Buhari poursuit sa politique économique protectionniste, visant à rendre le pays autosuffisant en matière alimentaire. Dans un communiqué daté du 14 août, il a indiqué que »La réserve de change sera conservée et utilisée strictement pour la diversification de l’économie, et non pour encourager plus de dépendance vis-à-vis des factures d’importation de produits alimentaires « . Le pays est le premier producteur de pétrole du continent et dépend des ventes de brut pour environ 90 % de ses opérations de change. Cette mesure n’est pas la première. En effet, au cours de son premier mandat, le président Buhari avait également imposé des contrôles sur l’importation de riz, un aliment de base du pays afin d’encourager la production locale. Mais cette mesure a entraîné l’entrée de tonnes de riz de contrebande à travers ses frontières poreuses, principalement en provenance du Bénin.

Si l’objectif de cette nouvelle mesure vise à rendre le pays autosuffisant en matière alimentaire, les principaux acteurs économiques nigérians appellent le chef de l’État à temporiser. Alors que certains critiquent une décision allant à l’encontre du principe d’indépendance de la Banque Centrale, d’autres s’inquiètent déjà des risques pour la sécurité alimentaire nationale.

Le président du think tank Nigeria Economic Summit Group pointe le manque d’infrastructures, d’engrais ou de semence, et estime que le pays n’est pas encore prêt pour le « Made In Nigeria » à court terme. Même si c’est « sans doute la voie à suivre » dans le futur, selon lui.

Pour l’Association des employeurs du Nigeria, l’application de cette mesure devrait être progressive, sauf à risquer une explosion de la contrebande, qui aurait des conséquences dramatique sur l’économie.

Quant au directeur de l’Association, Thimoty Olawale, il propose d’étaler l’interdiction sur cinq ans, afin de permettre la mise en œuvre de mesures de soutien pour l’agriculture.

C’est aussi le souhait de la présidente de l’Association des petits producteurs agricoles du Nigeria, qui salue « un pas dans la bonne direction », mais voudrait que le gouvernement fasse des efforts rapide pour accompagner les agriculteurs, en subventionnant par exemple leur équipement.

(Sources: Rfi Afrique et BBC News)

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