Affaire guérisseuse de Komsilga : La situation sécuritaire, l’argument vedette encore convoqué

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Suite à un « bricolage juridique », la célèbre guérisseuse de Komsilga, Larissa Nikiéma se trouverait à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Le gouvernement burkinabè qui s’est expressément invité dans cette affaire judiciaire indique que cette ingérence s’explique par des raisons de « sécurité nationale. » Cette immixtion passe mal au sein de l’opinion publique et toutes les tentatives de justification de cette attitude du gouvernement vis-à-vis de cette affaire restent encore fébriles.

Alors qu’il séjournait à Pô, dans la région du Centre-Sud, ce dimanche 6 août 2023, le président de la Transition, Capitaine Ibrahim Traoré s’est prononcé sur cette affaire banale, mais qui prend une autre tournure. Le Capitaine reprendre l’argument de « sécurité nationale » servi ultérieurement par le gouvernement pour justifier « le bricolage juridique » qui a permis à l’Agence nationale de renseignement (ANR) d’extirper la guérisseuse de Komsilga des mains de la justice pour la détenir à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Il promet un grand déballage sur cette affaire rocambolesque avec des suspens hollywoodiens. En attendant le grand déballage, l’argument vedette de la sécurité est convoqué pour rendre moins amère une pilule qui égratigne la justice burkinabè dans son crédit et son honneur.

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L’argument sécuritaire a été utilisé pour faire passer une augmentation du prix des hydrocarbures au Burkina Faso courant février 2023. Une augmentation de 100 franc cfa qui a permis d’atteindre un coût record du litre de super 91 à 850 franc cfa. Elle est passée comme une lettre à la poste. L’argument sécuritaire a été utilisé à outrance pour justifier et faire accepter les décisions en cascade de nouvelles taxes sur divers produits de consommations. Face à la « robustesse » de l’argument, les populations encaissent encore ces décisions qui n’améliorent certainement pas leur condition de vie au nom de cette conviction que la guerre contre les Groupes armés terroristes (GAT) sera gagnée assez vite. Cependant, reprendre la rhétorique sécuritaire pour justifier une mise à genou de la justice burkinabè face à une prétendue guérisseuse traditionnelle relève de l’absurde.

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Les éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) sont sans doute de vaillants hommes et femmes, formés pour assurer de façon professionnelle et rigoureuse la sécurité des installations pénitentiaires et des détenus qui y sont gardés. A moins de leur nier ces capacités à remplir leur mission régalienne de façon convenable, on ne peut défendre que Larissa Nikiéma soit plus en sécurité à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) qu’à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Si Larissa Nikièma est moins en sécurité à la MACO, alors elle l’est également à la MACA.

Le Président de la Transition, Ibrahim Traoré et l’exécutif en général doit non seulement travailler à ne rendre désuet l’argument sécuritaire à force d’usage à tout bout de champs, surtout pour une affaire de guérisseuse traditionnelle qui s’est fait un nom dans les bastonnades et autres humiliations.

La Rédaction

Sentinelle BF