Burkina Faso : Les Salons de massage, l’autre nom de la prostitution?

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Longtemps méconnus des burkinabè, les Salons de massages se développent depuis peu au pays des hommes intègres. Des burkinabè, qu’ils soient de l’intérieur ou de l’extérieur, ont fait le choix d’investir dans ce domaine qui reste « étrange » pour cette population qui a très vite classé, à tord ou à raison, ce business de type nouveau dans la catégorie des business lucratif peut-être, mais qui portent atteinte à la morale publique et à la pudeur. Les tenanciers de ces Salons de massage ont fait le choix de garder le silence face à tous les stéréotypes qui ont été collés à leur business, espérant que le temps puisse convaincre les populations que les Salons de massage sont un business noble qui peut honorablement contribuer à créer de l’emploi et contribuer à l’effort de construction du Burkina Faso. Mais, les espoirs de ces tenanciers sont court-circuités par d’autres acteurs qui ont eu la malicieuse idée de confirmer les soupçons des populations pour qui le Salon de massage est un autre nom de la prostitution.

L’internet. Plus particulièrement les réseaux sociaux facebook et wathsapp. C’est essentiellement grâce à ces outils que les populations burkinabè ont découvert le business des Salons de massage. Plusieurs pages facebook ont été créées proposant, dans un français trébuchant, différents types de massages « Plus une Bonus surprise inoubliable à ton goût ». Selon des posts de ces pages facebook de « Salon de massage », ce sont des filles expertes de nationalités diverses qui prennent soins du corps de leurs clients. Ces derniers ont la possibilité de choisir leur « masseuse » parmi la dizaine d’experte. Les clients, selon leurs bourses,  choisissent également le type de massage dont ils ont besoin: « connexion à deux », « Lomi-Lomi », « Body-Body », « massage à complet et plus », « massage aux savonnages », « massage à 4 mains « 2 filles ». Les administrateurs de ces différentes pages facebook utilisent des images de filles légèrement habillées et présentant les rondeurs à susciter des envies. Le but affiché est clair: attirer des clients, racoler des clients grâce à la magie du net, notamment les réseaux sociaux. Une fois intéressés par l’offre de ces Salons de massage, les contacts sont là et il faut les joindre.

Pas question de donner à priori la situation géographique du « Salon de massage ». Première curiosité. Il faut se rendre à un lieu donné, préalablement indiqué par la répondante, afin de pouvoir établir le premier contact. La rencontre se fait dans un lieu discret et les échanges sont brefs. Pas question de trop développer. Le client est alors conduit vers la villa qui sert de « Salon de massage ». Une fois à l’intérieur, le masque tombe et la réalité surgit. Ce qui était abusivement appelé « Salon de massage » reprend son vrai nom : Maison close. Les péripatéticiennes très légèrement vêtues caressent du regard le nouveau client afin de susciter davantage son envie. Au coin de la villa, le client peut échanger avec sa masseuse, trouver un accord avant d’aller pour sa séance de « massage » dans une des chambres de la villa aménagées pour satisfaire les désirs libidinaux du client à un prix variant entre 10.000 franc cfa à 60.000 franc cfa.

                                          Les Salons de massage professionnels au pilori

Les Salons de massage professionnels, honorables et dignes. Il en existe pourtant au Burkina Faso. Des burkinabè se sont formés et ont fait le choix d’investir dans ce business afin de contribuer au bien-être de cette partie de la population burkinabè qui ont été convaincus de la pertinence du massage pour leur santé physique et psychique. Ces Salons ne sont pas exclusivement réservés aux hommes et arrivent à proposer des massages aux couples qui sont intéressés. Ils payent des impôts et créent des emplois dans un pays confronté à un sérieux problème chômage. Du coup, les responsables de ces entreprises se sentent confrontés à une sorte de concurrence déloyale imposée par des acteurs d’une autre moralité qui ne paient pas d’impôt, portent atteinte à la pudeur et  ternissent l’image d’un business pourtant noble. Les acteurs de ces Salons de massage professionnels ne sont pas suffisamment organisés pour interpeller les autorités à agir contre cette nouvelle forme de prostitution difficilement cachée sous l’appellation de « Salon de massage ». Ils redoutent à communiquer autour de leurs activités, au risque d’être pris pour cible, mais il est temps de changer de fusil d’épaule si effectivement ils veulent apporter de l’humus à leur business.

Il appartient en outre aux autorités de jouer leur rôle. L’espace numérique n’est pas un espace de non droit. L’autorité ne peut d’abord pas se rendre coupable du développement de ce nouveau type de prostitution numérique à une époque où les plus jeunes ont un accès à l’internet. Et lorsque ce dynamiteur de nos valeurs sociétales attaque et saccage des activités légales créatrices d’emplois, il y a une motivation supplémentaire à agir.

La rédaction

Sentinelle BF