Importation de pesticides non homologués contre les jassides : Le CNaBio exprime ses inquiétudes

Les acteurs du monde agricole ont de plus en plus recours aux pesticides dans leur processus de production. Cela n’est pas sans conséquence pour les populations surtout quand ces pesticides sont non homologués. Ainsi suite à la décision du gouvernement burkinabè d’autoriser l’importation de pesticides non homologués dans la lutte contre les jassides, le Conseil national de l’agriculture biologique(CNABio) a animé une conférence de presse, ce jeudi 17 mars 2023 à Bobo-Dioulasso pour exprimer ses inquiétudes.

Le gouvernement a pris, récemment la décision d’autoriser l’importation de pesticides non-homologués pour faire face aux jassides qui sévissent chez les cotonculteurs.  Cette décision ne fait pas l’unanimité au sein  l’opinion à commencer par les acteurs du secteur de l’agriculture biologique.  C’est pourquoi, le Conseil national de l’agriculture biologique(CNABio) a décidé  de donner de la voix. A travers une conférence de presse tenue dans la ville de Sya, le CNABio  a donné sa position sur cette décision gouvernementale dont il estime comporter beaucoup de risques et mérite plus de réflexion pour des solutions plus durables.

Pour les conférenciers, si la décision du gouvernement est au profit prioritairement  des cotonculteurs, ils  font remarquer que les ravageurs contre lesquels la mesure a été prise s’attaquent aussi à des  produits vivriers de consommation directe. Pour eux, cet état de fait pourrait entrainer son utilisation sur ces produits vivriers qui constitue un facteur de risques de santé publique quand ces produits vivriers se retrouvent dans les plats des consommateurs.

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En plus de ces risques, estiment-ils, l’importation des pesticides non homologués menacerait dangereusement la filière coton biologique à cause de la contamination directe ou indirecte des sols par ces produits chimiques de synthèse. Aux dires de Marthe Toé, principale conférencière, dès l’annonce de la décision par le gouvernement, le CNABio a vite fait d’organiser un atelier de plaidoyer à Bobo-Dioulasso où la question a été passée à la loupe. Selon elle, une des inquiétudes des agro-écologistes est que cette décision fasse également courir le risque d’apparition de nouvelles variantes de ravageurs plus résistants.

A en croire Marthe Toé et ses camarades, cette conférence de presse vise également à apporter des pistes de solution en vue de donner plus  de chance à l’agriculture durable au Burkina Faso. Ils formulent, alors, le vœu de voir le  gouvernement mettre en œuvre la Stratégie nationale de développement de l’agroécologie et son plan d’action et l’expérimentation des initiatives écologiques et biologiques promues dans d’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Mali. Ils recommandent également en guise de solutions alternatives à l’importation des pesticides non homologués, un soutien à l’homologation des biopesticides et un soutien aux unités locales de production de bio-intrants. Entre autres solutions à l’endroit  la situation des cotonculteurs face à l’ampleur des ravages des jassides dont ils comprennent, les conférenciers les encouragent à explorer la promotion des pratiques agro-écologiques telles que l’utilisation des biopesticides et l’utilisation de biostimulants bactériens pour assurer une bonne levée au cotonnier comme c’est le cas en Côte d’Ivoire. L’atelier de plaidoyer a également recommandé de mettre un accent particulier sur la restauration, la conservation et la fertilité des sols et préconiser les semis précoces, a indiqué Marthe Toé.

Les conférenciers ont exprimé leur  disponibilité à accompagner toute initiative allant dans le sens de l’agroécologie pour une agriculture durable et rentable au Burkina Faso car, estiment- ils le recours aux pesticides chimiques de synthèse est une solution à court terme avec des conséquences irréversibles.

Kader Sanou

Sentinelle BF