Interview : Dans les secrets du moringa avec Dr Placide Sékoné

Les vertus du Moringa ? Elles sont nombreuses et diverses et jusques-là, cette plante n’a pas encore fini de révéler toutes ses vertus. C’est l’avis d’un imminent chercheur qui a consacré une part belle de sa vie à faire des recherches sur « l’arbre du paradis » afin d’attester sur les bases scientifiques les merveilles de cette plante. Lui, c’est le Docteur Placide Sékoné. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le Dr Sékoné s’étale de long en large sur une plante miraculeuse ayant un double intérêt pour le Burkina Faso sur les plans de la sécurité nutritionnelle et sanitaire.

Sentinelle BF : Le Dr Placide Sékoné est un nom qui n’est plus à présenter dans le secteur de la Recherche, surtout lorsqu’on parle de Moringa, mais le grand public connaît très peu l’imminent chercheur que vous êtes. Pouvez-vous donc, mieux vous pressentez à nos lecteurs ?

Dr Placide Sékoné

Placide Sékoné : Je suis Placide Sekoné, je suis ethno- pharmacologue, membre de la société française de pharmacologie appliquée depuis 2006. Je suis également membre fondateur du Réseau Moringa du Burkina Faso. Je suis auteur de trois ouvrages scientifiques portant sur le Moringa. Le premier est sorti en 2006 et le deuxième en 2013. Je suis sur le troisième qui s’appelle l’ABCdaire pharmacologie sur le Moringa. Dans cet ouvrage j’ai classé par ordre alphabétique toutes les maladies et les plantes qui les soignent. Il est en finition et j’attend de le soumettre à quelques ethnobotaniques et des tradithérapeutes pour appréciation afin de l’enrichir avant diffusion.

Sentinelle BF: Comment êtes-vous arrivé à la recherche sur le Moringa ?

Placide Sékoné : J’ai découvert cette plante pour la première fois au bord du fleuve Niger, au cours d’une formation à Niamey en 2003. Je me suis renseigné sur la plante auprès du formateur, il m’a dit qu’elle est leur nourriture de base. En observant, curieusement, j’ai constaté que les nigériens étaient physiquement bien bâtis et bien grands. J’ai donc pensé que leur développement physique pourrait être lié à cette plante-là.

Alors que sur le plan nutritionnel, le Burkina Faso a l’avantage naturel avec une variété de produits alimentaires que le Niger, et nous, nous sommes minces (Rire). C’est cette curiosité qui m’a amenée à me pencher sur cette plante en 2003 avec un autre Professeur qui était à l’UFR/SVT en biologie moléculaire. J’ai par la suite bénéficié de l’appui du professeur Jean Luis Coussin qui m’a soutenu jusqu’à ce que j’aille présenter les résultats de mes recherches en 2006 à l’Institut français de pharmacologie appliquée.

Je voudrais remercier le Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER) qui a, à deux reprises ( 2006 et 2017) financé mon déplacement pour les présentations de mes recherches à Metz en France

Parlez-nous de la plante Moringa.

Le Moringa ? On ne peut pas finir de parler et de présenter toutes les facettes et bienfaits de cette plante. Mais avant tout, il faut noter qu’il s’agit d’une plante très miraculeuse. C’est pourquoi certains l’appellent l’arbre du paradis, d’autres l’arbre de la vie ou encore l’arbre qui allaite. En langue nationale mooré il est appelé « Arzann Tiiga », en langue djoula « Hardjina Yiri », en dagara « Obgnou » . Toutes ces appellations ont la même connotation à savoir les merveilles de cette plante.

Quels sont ces vertus médicinales?

De ma propre expérience et résultats obtenus, il a de nombreuses vertus qu’on ne peut finir d’énumérer. Mais pour citer quelques-unes sur lesquelles je formule des phyto-médicaments pour des malades, je pourrais dire qu’il lutte contre la tension artérielle, le diabète, les ulcères, les angines etc.

Quel est le taux de toxicité du Moringa?

Toxicité ? C’est là, la grande qualité du Moringa. Il n’y a aucune goutte de toxicité dans le Moringa. C’est une plante non toxique avec de nombreuses vertus médicamenteuses.

Si tu le prends à n’importe quelle condition, que tu sois malade ou autre chose, s’il ne te soigne pas il n’endommage rien non plus dans votre organisme. Il réagit toujours de manière positive dans le corps.

Beaucoup de plantes soignent mais, ont des taux de toxicité. Seul le Moringa n’en dispose pas. Il n’y a pas de surdosage en consommant le Moringa, puisqu’il n’a pas de taux de toxicité

Pourquoi une telle plante est-elle méconnue du grand public?

Il y a en premier le manque de communication sur la plante. Pour qu’une telle plante puisse faire partir du quotidien des populations, il faut l’implication des décideurs. Si quelque chose peut être bénéfique pour la population, je pense qu’on devrait s’impliquer depuis le sommet de l’Etat. C’est en cela que j’apprécie l’initiative du président malgache. Quand ses chercheurs ont trouvé quelque chose ( le covid organique, ndlr), il a pris le devant en présentant le résultat de leur recherche. Nous étions dans une situation où il n’y avait pas de remède de la Covid.

J’en ai parlé avec certains décideurs politiques, jusqu’à présent je ne vois rien venir mais j’espère qu’ils ont compris le bien fondé de vulgariser cette plante pour le bien de la population.

On reproche souvent aux chercheurs de dissimuler les résultats de leurs recherches, cela n’explique-t-il pas la méconnaissance du Moringa ?

Je n’ai jamais eu cette appréhension me concernant. Dans ma logique, c’est faire en sorte que tout le monde puisse connaître cette merveilleuse plante. C’est pourquoi je ne cesse de communiquer là-dessus.

Au Burkina Faso, on parle de la lutte contre la malnutrition en regardant ailleurs, alors que les produits efficaces de malnutrition sont chez nous. On s’apitoie sur la malnutrition alors que cette plante à elle seule suffit pour lutter efficacement contre ce problème. Elle contient toutes les vitamines. C’est un condensé nutritionnel.

Rien qu’en consommant sa poudre, tu as les vitamines que tu veux et cela va conditionner et renforcer tes défenses immunitaires et tes petites maladies disparaissent au fur et à mesure. Tu deviens mieux protéger et en bonne santé.

Comme on le dit, la maladie entre dans le corps un seul jour, mais ne ressort pas en un seul jour. En faisant du Moringa votre aliment quotidien, vous chassez les maladies de votre organisme petit à petit. J’invite les gens à le consommer et à long terme ils verront le résultat.

Nous sommes en période hivernale, ce qui rime avec paludisme, est ce que le Moringa peut être une solution?

Ah oui! La meilleure solution d’ailleurs. Quand vous avez l’équilibre sur le plan nutritionnel, vous avez les défenses immunitaires qui sont bien boostées et vous ne pouvez pas tomber facilement malade. Et cela, le Moringa assure cette protection.

Qu’en est-il de la Covid?

Pour la Covid, je ne veux pas m’aventurer, mais je reste convaincu que le Moringa est un antibiotique à spectre large, et personne ne peut remettre cela en cause. Donc si c’est par les antibiotiques qu’on peut guérir de la Covid alors le Moringa peut guérir la Covid.

Je recommande aussi de faire de la plante du Moringa un cure-dent. Le cure-dent Moringa entretient l’environnement buccal et le maintien à coup sûr en bonne santé. Cela permet alors d’éviter la pénétration du virus dans la gorge et d’atteindre l’organisme. Et si le virus, même qu’il soit celui du Covid, ne peut traverser la gorge par l’entretien dû au cure-dent, alors vous pourriez éviter la maladie de tous virus et j’en suis certain. Si vous utilisez de temps en temps un morceau de bois du Moringa comme cure-dent, vous diriez adieu aux maux comme l’angine, les armidales, les insinutes.

.Est-ce que des chercheurs ont été associés aux recherches de remèdes sur la Covid-19 ?

La réalité c’est qu’au Burkina Faso, très souvent les chercheurs vont cavalier seul. Le secteur de la recherche n’arrive pas à rassembler les chercheurs. Chaque chercheur fait son one man show. Et si tu es chercheur et que tu n’as pas envie du one man show, tu es obligé d’observer. Si tu n’es pas associé à une question de recherche tu ne vas pas t’y mettre.

Dans l’administration de produits, il y a deux facteurs, celui médicamenteux et celui psychologique. Si vous administrez un produit à un patient et qu’il émet des doutes sur votre produit, il risque de ne pas produire l’effet escompté. La disposition psychologique y est pour beaucoup dans la guérison du patient. Non seulement le Moringa est une panacée sur le plan sanitaire, il l’est aussi sur le plan nutritionnel.

Le Moringa peut-il être source d’emploi?

J’ai parlé d’un projet de vulgarisation du Moringa à certains décideurs politiques. Mais cela semble ne pas les intéresser. J’ai proposé que soit formé des agents des mairies sur le Moringa. Ces derniers à leur tour vont dupliquer leur savoir-faire auprès des jeunes.

J’ai réussi à le faire par le passé avec le soutien du FAFPA. J’ai formé des gens à Sapouy, Tanghin Dassouri, Léo, Réo, Nouna et Toma. Mais ce n’est pas suffisant à mon avis.

J’ai un laboratoire à l’Institut Panafricain de Développement- Afrique de l’Ouest et Sahel (IPD-AOS), situé vers l’échangeur de l’Est. C’est un lieu où on peut former des jeunes qui feront de la production, la transformation et à la commercialisation du Moringa leur business.

Le Moringa est une source d’emploi donc source de revenus. Si le burkinabè connait les bienfaits de la consommation du Moringa, il ne va pas manquer de le consommer. Ainsi la production interne va représenter un grand marché.

Disposez-vous d’un magasin de vente des produits à base de Moringa?

Non, non. Moi je suis plus engagé dans la recherche. Mais je formule des phyto-médicaments pour des personnes qui manifestent le besoin. Aussi, si quelqu’un décide d’en commercialiser, moi je peux l’accompagner avec les produits. Ce que je souhaite c’est la vulgarisation de mon Moringa, c’est pourquoi je prends du plaisir à partager mes connaissances.

Par exemple la pharmacie Angré basée à Abidjan en Côte d’Ivoire commande des produits Moringa avec moi. Au Burkina Faso il fut un temps où la pharmacie Yobi prenait de l’huile de Moringa avec moi.

Je ne fais pas de la rétention d’information sur mon Moringa. Je l’explique à quiconque veut le savoir au point qu’il puisse aller le reproduire seul.

Propos recueillis par Constant Garané et Mamouna Zongo

Sentinelle BF

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