Production avicole 2022-2023 : 37.827.000 têtes de volailles attendues, mais…

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A l’issue de son premier Conseil d’administration du secteur ministériel, le département dirigé par le Dr Delwende Innocent Kiba a fixé les différents objectifs de productions agro-sylvo-pastoraux de la campagne agricole 2022-2023. Ainsi, le pays des Hommes intègres entend atteindre une production avicole d’au moins 37.875.000 têtes. Un objectif certes pas irréaliste, mais évidemment qui pour être atteindre demande un engagement particulier, tant les difficultés sont énormes.

Selon les résultats de l’enquête nationale sur le cheptel burkinabè, il ressort que le pays des Hommes intègres compte en cette année 2022 exactement 35.803.843 têtes de volailles. (Voir ici : https://sentinellebf.com/elevage-la-premiere-enquete-nationale-sur-le-cheptel-livre-ses-resultats/) Ainsi, le Burkina Faso devrait pouvoir produire au moins 3.000.000 de têtes de volailles de plus au cours de cette campagne agro-sylvo-pastorale afin de pouvoir atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. Cet effort de production supplémentaire n’est certes pas impossible, au regard du niveau d’engagement des acteurs, mais plusieurs facteurs laissent planer des doutes sur l’atteinte de ces objectifs.

Le premier facteur majeur reste la grippe aviaire. Le virus de l’Influenza aviaire hautement pathogène a fait son apparition au Burkina Faso courant décembre 2021 mais officiellement diagnostiqué et annoncé en début janvier 2022. Le virus s’est propagé comme une trainée de poudre ravageant sur son passage des fermes entières. Les producteurs ont perdu des milliers de volailles. Assommés par la fulgurance du mal, ils sont nombreux ces producteurs qui ont pu se ressaisir et repartir sur une nouvelle base en repeuplant leur ferme, surtout que l’Etat ne s’est pas particulièrement engagé à contrer le phénomène et à soutenir les producteurs.

Cette campagne agro-sylvo-pastorale est également marquée par une cherté des aliments pour volaille notamment. La mauvaise campagne agricole 2021-2022 et la conjoncture internationale ont contribué à créer une inflation du coût des matières premières entrant dans la fabrication des aliments pour bétail en général. Ainsi, sur le marché national, le prix du sac de maïs a connu une inflation jamais égalée. Conséquence, le coût des aliments bétail a connu une envolée à leur tour. En plus de leur cherté, ils sont même devenus introuvables sur le marché. Cette situation met les producteurs de volailles dans une posture déconcertante et oblige bien d’autres soit à mettre en veilleuse leur activité, soit d’abandonner simplement.

Autre difficulté non moins importante, c’est la structuration non encore effective du Ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques. Depuis quasiment huit (8) mois, ce département ministériel issus de la fusion entre les anciens ministères de l’agriculture et de l’élevage, n’est pas encore clairement structuré. L’organigramme n’est pas encore opérationnel et les agents de ce ministère ne savent pas trop comment se tenir stratégiquement. Cette situation crée une certaine navigation à vue et le manque de coordination des actions pour l’atteinte des objectifs stratégiques est réel.

Mis ensemble, les éléments exposés pourront contribuer à rendre chimérique les objectifs escomptés. Cependant, il est important que les acteurs de la chaine de production fassent preuve d’intelligence pour trouver des solutions adaptées qui leur permettront de produire au mieux. Ils devront en outre pouvoir bénéficier de l’engagement de l’Etat. La reconfiguration et la restructuration du Ministère de tutelle prend certes du temps, mais le patron du département, Innocent Kiba doit en toute diligence mettre ses agents à l’œuvre pour accompagner et soutenir les producteurs pour l’atteinte des objectifs stratégiques.

La rédaction

Sentinelle BF