Accroitre la production agricole et mettre le Burkina Faso à l’abri de l’insécurité alimentaire est l’un des défis majeurs que s’est engagé à relever les autorités de la transition à travers le plan opérationnel dénommé Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025. Il s’entend alors que la question de la gestion et de la distribution des engrais doit bénéficier d’un traitement bien particulier surtout qu’il y va de la sécurité et de l’intégrité du pays.
Sans anesthésie, le gouvernement burkinabè a décidé de dissoudre la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA) le 20 mars dernier. Il a fait savoir que cette structure, née en 2020 avec pour but de répondre de façon structurelle aux difficultés d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles de qualité et à moindre coût au profit des producteurs a « failli ». Et pour combler ce vide, le gouvernement a décidé de mettre en place de la Société burkinabè des intrants et matériels agricoles et pastorales (SOBIMAP).
Suivez Sentinelle BF sur X ( Ex Twitter)
Cette décision de dissolution est-elle judicieuse ou non ? La question est posée, mais cette décision prouve bien que l’autorité veut d’un meilleur contrôle, une meilleure gestion et une meilleure distribution des engrais au profit des producteurs dans la dynamique de la conquête de la souveraineté alimentaire du pays. La nouvelle structure créée pour assurer ce rôle devrait donc garantir la disponibilité de l’engrais, travaillé à faire oublier les retards concédés à chaque fois dans la distribution des engrais aux producteurs et surtout s’assurer les engrais sont utilisés effectivement dans l’amélioration des niveaux de production agricole et non servir des intérêts contraire à ceux de la Nation. Le contexte burkinabè prouve à souhait qu’au-delà de l’accroissement de la production agricole, la sécurité est un autre enjeu à maîtriser dans la gestion des engrais.
Lire aussi ; Développement agricole ; Le gouvernement prononce la dissolution de la CAIMA
Suite à des informations faisant cas de l’utilisation des engrais par les éléments des bandes armées pour la fabrication d’engin explosif, les autorités de la transition ont décidé le 28 avril 2022 d’interdire l’utilisation des engrais chimiques dans les différentes zones à fort déficit sécuritaire. Cette décision prise à l’orée de la campagne agricole de saison humide 2022-2023 a été particulièrement difficile pour les producteurs agro-pastoraux de cette zone qui se voyaient priver d’une pièce centrale de leur activité. Depuis cette décision d’avril 2022, les autorités en charge de la production agropastorale et celles chargées de la défense et de la sécurité tentent tant bien que mal à avoir une lisibilité dans le processus de distribution des intrants.
Dans une correspondance en date du 15 mars 2024, le Ministre de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques, Ismaël Sombié s’était insurgé contre des « usages détournés des intrants et équipements agro-pastoraux acquis par l’Etat et ses partenaires au profit des producteurs. » Il a fait état de ce que des engrais acquis par l’Etat et ses partenaires « se seraient » retrouvés entre les mains des bandes armées. Une donnée qui s’est engagée à changer.
C’est dire que la question des engrais est d’un double intérêt pour le Burkina Faso. Il faut donc travailler à faire en sorte qu’ils puissent contribuer à accroitre les niveaux de production sans pour autant servir les intérêts criminels des bandes armées qui veulent mettre la République à genou.
Ahmed Traoré
Sentinelle BF
Commentez