Burkina Faso : Damiba ne peut que s’en prendre à lui-même !

Les Burkinabè ont irréversiblement tourné la page de la gouvernance du président Paul Henri Sandaogo Damiba depuis ce dimanche 2 octobre 2022. Celui là qui est arrivé à la tête de l’Etat burkinabè à la faveur d’un coup d’état a été renversé par les mêmes acteurs qui ont contribué à le hisser et à le maintenir huit (8) mois dans le somptueux palais présidentiel de Kossyam. En huit (8) mois de gouvernance, le Lieutenant-colonel Damiba aura commis des erreurs majeures qui ne lui présageaient pas une sortie par la grande porte.

Lorsque le 24 janvier 2022, les populations burkinabè apprenaient la prise du pouvoir par le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et ses Hommes, d’aucun y voyait l’arrivée d’un jeune Chef de guerre venu pour en rendre la monnaie aux bandes armées terroristes, pacifier et restaurer l’intégrité du territoire national. Et si ce putsch est passé comme une lettre à la poste, en dépit de l’attachement du peuple burkinabè au respect des principes cardinaux de la démocratie, c’était en raison de la précarité de la situation et avec cette conviction qu’en tant que jeune militaire ayant conduit des opérations sur le terrain, Paul Henri Sandaogo Damiba saurait actionner les leviers pertinents qui permettront aux burkinabè de faire le deuil de l’insécurité ou tout au moins de la réduire à sa plus simple expression. Mais, des erreurs majeures ont été commises qui ont jeté les bases de son exil togolais.

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Le Lieutenant-colonel Damiba a manqué de stratégies et d’employer les mots justes pour communiquer avec le peuple burkinabè. La première erreur stratégique commise est d’avoir indiqué très clairement au peuple, dès sa prise de fonction, que son action ne s’inscrit pas dans une logique « révolutionnaire ». Jeter de tels propos à la face des jeunes du pays de Thomas Sankara ne peut que s’apparenter à un affront. Damiba qui est entre temps passé de « La Patrie, ou la mort nous vaincrons » à « Pour la patrie, nous vaincrons », s’est tiré une balle au pied et a mis sur son dos des jeunes. Les jeunes s’attendaient à ce qu’au moins les actes qui allaient être posés par le président Damiba contredisent ce qu’il avait martelé, mais hélas.

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Le glissement du président Damiba sur le terrain politique avec en toile de fond les clins d’œil fait à l’endroit des irréductibles de la galaxie Compaoré a contribué à faire croire que la restauration promue par l’Homme fort du Faso était celle d’un ordre ancien assez décrié. Les doutes se sont confirmées lorsque, sous le concept tronqué de « réconciliation nationale », le Lieutenant-colonel Damiba fait un doigt d’honneur à la justice pour faire venir l’ex-président Blaise Compaoré. Par cet acte, il a non seulement grillé son joker, mis davantage les jeunes sur son dos, la justice sur son dos, les acteurs politiques sur son dos et aussi des jeunes militaires sur son dos. Les burkinabè n’avaient plus à faire à un chef de guerre, mais plutôt à un sournois politicien.  Et reconnu comme tel, il devait être traité comme tel.

Très rapidement, Damiba délaisse le treillis pour le costume. Le message est passé. Il abandonne les visites d’encouragements des Hommes sur les théâtres d’opération pour des virées dans la sous-région et à l’international. Le politicien est en quête de partenaires internationaux pour soutenir ses ambitions. Mali, Côte d’Ivoire, Niger et les Etats-Unis d’Amérique sont les pays visités par le président Damiba en deux (2) mois. Il est devenu le seul putschiste adoubé par « la communauté internationale ».

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Toute cette gymnastique se déroule alors que sur le plan sécuritaire et humanitaire, le recul est extraordinaire. Les groupes armés terroristes gagnent du terrain et sèment la terreur comme jamais. Les attaques se multiplient avec son cortège de morts et de blessés. Les populations n’accèdent plus au minimum vital pour survivre. Et pire, certaines décisions prises afin de contenir la menace terroriste se sont révélées plus dramatiques pour les populations que la terreur même des bandes armées. Le remède du 24 janvier 2022 se révélait effectivement plus pernicieux que le mal de novembre 2015. Dès lors, il n’y avait plus de sérénité dans la gouvernance du président Damiba.

C’est pourquoi l’appel du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba à Bobo-Dioulasso pour un putsch militaire contre sa personne a été entendu au lendemain de l’attaque de Gaskindé.

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Et pourtant, Damiba avait toutes les cartes en main pour réussir sa mission. Dans ce contexte burkinabè, il est effectivement impossible d’atteindre des objectifs politiques-politiciens et engranger du même coup des résultats sur le plan sécuritaire. Au moins, le seul acquis de la gouvernance Damiba aura été la réhabilitation de la voie Koupéla-Fada.

La rédaction

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