Huit (8) ans après avoir quitté le Burkina Faso sous la pression populaire, le président Blaise Compaoré a foulé le sol burkinabè ce jeudi 8 juin 2022 sur invitation du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. L’actuel président du Faso entendait réunir autour de lui les cinq (5) anciens Chefs d’Etat encore vivant pour discuter de la situation sécuritaire du pays et dynamiser le processus de réconciliation nationale. Au bilan de cette rencontre, il faut admettre qu’elle a été non seulement un échec, mais aussi n’a rien apporté de mieux sur le plan de l’amélioration de la situation sécuritaire et la réconciliation nationale. Le président Damiba vient de griller un Jocker.
Le président Paul Henri Sandaogo Damiba vient d’enregistrer un échec stratégique qui ne sera pas sans dommage sur sa gouvernance. A travers cette initiative de tenir en respect la justice burkinabè afin de tenir contre vents et marrée sa rencontre avec les anciens chefs d’Etat dont Blaise Compaoré, Paul Henri Sandaogo Damiba a vendangé un joker.
Lorsqu’il est arrivé au pouvoir en janvier 2022 à travers un putsch militaire, le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) avait indexé la précarité de la situation sécuritaire du pays pour justifier le coup de force. Excédée par une gestion laborieuse de la question sécuritaire par le président Roch Kaboré, une certaine opinion publique s’était convaincue que le candidat au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à l’élection présidentielle de novembre 2020 n’était pas l’homme de la situation. Pour rendre la monnaie aux Groupes armés terroristes (GAT) et repousser ces derniers hors de nos frontières, cette opinion invitait l’armée « à prendre ses responsabilités. » Ce contexte favorable a permis au Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba de faire son putsch sans aucune réaction populaire ; le plus difficile était de tenir en respect le président élu et les éléments de sa Garde.
Pour ce militaire à la tête de l’Etat burkinabè, l’objectif était de faire la guerre aux GAT, reprendre les terres sous emprises terroristes et permettre au Burkina Faso de poursuivre de façon collective l’œuvre de construction du développement socio-économique durable. Pour permettre au béret rouge d’engager les stratégies militaires nécessaires à la restauration de l’intégrité du territoire national, une accalmie sur le front social est observée, les acteurs politiques ont fait profil bas et s’abstiennent de critiquer vertement sur la gouvernance des Lieutenant-colonel. Paul Henri Sandaogo Damiba avait un boulevard devant lui dans la gouvernance, tant qu’effectivement il travaillait donner des insomnies aux GAT.
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Alors que sur le plan sécuritaire tout va de mal en pis depuis janvier 2022 et que les fondements de la République vacillent dangereusement, les autorités actuelles décident de mettre en veille la question sécuritaire pour opérer un glissement sur le terrain politico-judiciaire. Ce glissement est matérialisé par l’initiative du 8 juillet 2022 où le président Damiba décide de rencontrer les cinq (5) anciens Chefs d’Etat pour parler réconciliation nationale et sécurité. Par cette décision, le Président Damiba venait de vendanger son joker car implicitement, à tort ou à raison, les populations comprennent que l’avènement du MPSR visait essentiellement à restaurer le pouvoir du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Pour cela, il s’est autorisé à humilier et à se moquer de la justice burkinabè avec le retour de l’ex-président Blaise Compaoré condamné dans le jugement de l’affaire Thomas Sankara.
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Le Joker grillé depuis ce jeudi 7 juillet 2022, date d’arrivée du président Compaoré au Burkina Faso, a contribué à dresser la maigre moisson de cette initiative du président Damiba. Trois (3) des cinq (5) anciens chefs d’Etat convoqués ont boudé la rencontre ; la justice qui vient de prendre un autre coup de cross dans le derrière est vent debout ; les populations dont la première préoccupation reste la sécurité se sentent bernées ; le gouvernement qui ne saurait plus se débarrasser de l’étiquette politique à lui marquer. Pis encore, cette initiative a réussi à diviser davantage les populations, à radicaliser davantage les positions et à éloigner le pays du spectre d’une réconciliation nationale sincère car le garant de l’unité nationale fait désormais parti du problème.
Tout ceci intervient alors que la République tient sur un pied ; un pied qui est d’ailleurs cassé.
La rédaction
Sentinelle BF
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