Burkina Faso : Renforcer le maillon « renseignement » dans la lutte contre l’insécurité

Les informations venant de la ville de Seytenga font froid au dos. Combien de personnes ont été tuées par les éléments de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) après le retrait des forces de défense et de sécurité ce samedi 10 juin 2022 ? Jusqu’à ce lundi 13 juin 2022, en dehors des chiffres diffusés sur les réseaux sociaux, aucun bilan officiel n’a été communiqué. Le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo a seulement indiqué que l’évaluation est en train d’être faite sur les terrifiants évènements de Seytenga. Mais de façon constante, il est admis que Seytenga se comptera désormais par ces villes dont le seul nom évoque l’horreur.

Quasiment un an après la tragédie de Solhan où près de deux cent (200) vies humaines avaient été arrachées à l’affection de la Nation, le Burkina Faso vient d’enregistrer une autre tragédie dans la ville de Seytenga. Même sans données officielles, il est évident que des populations civiles ont été attaquées et de dignes burkinabè sont tombés sous les « balles assassines » des Groupes armées terroristes (GAT). Et suite à cette incursion terroriste à Seytenga, au moins trois milles (3.000) personnes de Seytenga et de Titabé ont trouvé refuge avec des moyens de fortune la ville de Dori, située à une cinquantaine de kilomètre.

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Cette tragédie de Seytenga plonge le pays sous le choc suscite des questions légitimes auprès des populations. Pourquoi les éléments des Forces de défense et de sécurité ont quitté la ville quelques heures après cette attaque contre le détachement de gendarmerie ?

Sur les antennes de la Télévision nationale, le Porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo n’a pas eu à répondre à cette question, qui ne lui a d’ailleurs pas été posée. Cependant, il a lancé un appel aux populations à collaborer avec les Forces de défense et de sécurité afin de détruire l’hydre terroriste. Et cette collaboration semble avoir manqué dans ces douloureux évènements de Seytenga. Lionel Bilgo révèle que quelques heures avant l’attaque du détachement de gendarmerie, des hommes armés étaient déjà dans la ville de Seytenga. Cette présence n’a malheureusement pas été signalée aux FDS. Ces hommes armés ont ensuite bénéficié d’un renfort pour attaquer les vaillantes Forces positionnées dans le camp de gendarmerie. Ce manque de collaboration a-t-elle été une raison (justifiable ou injustifiable) du retrait stratégique des Forces de défense et de sécurité ? La question est entière.

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Rien ne peut justifier à priori ce retrait, il faut l’admettre ; car tout retrait allait nécessairement ouvrir la voie à des exactions contre les populations innocentes. La collaboration avec les Forces de défense et de sécurité ne pouvait peut-être pas éviter l’attaque du détachement et tout ce qui s’en est suivi, mais elle aurait bien pu contribuer à infliger une débâcle des GAT. Il est temps pour les autorités militaires et politiques de repenser le cadre et les méthodes de collaboration avec les populations, surtout dans les zones à fort défi sécuritaire. Il faut de l’innovation et des réflexions poussées pour déployer des stratégies adaptées et sécurisées qui permettront de faire des populations, des agents de renseignement dans la lutte contre l’insécurité. Au-delà de cet effort, il est impératif de renforcer la perspicacité des services de renseignement sur toute l’étendue du territoire national. Le Burkina Faso, c’est 274.200 km2 ; trop petit pour que des individus puissent s’organiser en bande armée pour attaquer par embuscade et se cacher après. Et si depuis 2016 le pays est le ventre mou du terrorisme au sahel, c’est en bonne partie dû à cette faiblesse du maillon « renseignement. »

La rédaction

Sentinelle BF