Emballage agroalimentaire – Interview : « Il y a des normes burkinabè et internationales d’étiquetage des produits qu’il faut respecter», Dimitri Meda

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L’emballage ne doit pas être une question secondaire, de moindre importance pour les unités de transformation. Il est essentiel et détermine en grande partie la qualité du produit. C’est pourquoi, il est déconseillé d’utiliser des emballages sans d’abord se rassurer que la matière utilisé est compatible avec les propriétés de vos produits. Dans l’entretien qu’il nous accordé, le Dr Dimitri Méda, Directeur du département de la toxicologie, du contrôle de l’environnement et de l’hygiène publique du Laboratoire nationale de santé publique revient sur la place que joue l’emballage dans le maintien de la qualité d’un produit.

Sentinelle BF : Que pensez-vous de la question de l’emballage dans l’agroalimentaire ?

Dimitri Méda : L’emballage est un élément très essentiel pour plusieurs produits de consommation. Je vais rappeler qu’il a trois fonctions essentielles. D’abord, une fonction de conservation. Cela veut dire que ça permet de préserver la qualité du produit, de prévenir toute éventuelle contamination qu’elle soit microbiologique ou chimique. Il permet de prolonger la durée de vie de l’aliment qu’il contient. Il y a la fonction de protection. Il protège le produit et permet sa manutention, sa distribution lors de tout transport. Une autre fonction qui n’est pas moindre est celle de la communication et de l’information au consommateur, associée un peu avec une fonction de marketing. Les informations qui sont portées sur l’emballage doivent permettre aux consommateurs d’avoir toutes les informations clés pour faire le choix de son produit.

Est-ce que vous avez l’impression que les unités de transformation parviennent à tirer le meilleur profit de toutes les fonctions de l’emballage et surtout qu’elles arrivent à adapter leur produit à l’emballage?

Je pense que pour tout promoteur qui arrive à mettre en place une unité de transformation, il y a au préalable des études de marchés qui sont faites. Et cela devrait intégrer toutes ces questions et surtout celle relative à l’adaptabilité de l’emballage avec le produit qu’on veut commercialiser. Si cela n’est pas fait, je crois qu’il serait intéressant de pouvoir revoir le système pour donner à l’emballage la place qu’elle mérite dans ce système. Les emballages ne doivent pas présenter de risques de santé pour le consommateur. Ils doivent donc être forcément adaptés au produit pour éviter tous les éventuels risques. Une unité qui n’a pris cela en compte, devait le faire.

Comment se fait le contrôle de la qualité des différents produits de façon générale au niveau du Laboratoire national de santé publique ?

Il faut dire que pour les produits alimentaires, il y a plusieurs aspects de contrôle. Il y a d’abord les produits importés, qui pour la plupart, sont évidemment des produits emballés. En fonction de la nature du produit, il y a des règles de contrôle. Ensuite, nous avons les produits locaux que nous contrôlons également, qu’ils soient emballés ou non. Lorsqu’un produit emballé est soumis à notre contrôle, le premier élément  du contrôle est de s’assurer de l’aspect général de l’emballage. L’aspect général nous permet de nous assurer de l’intégrité de l’emballage et de nous assurer qu’il n’y a pas d’éventuel risque de contamination (microbiologique et/ou chimique) avec l’extérieur. Si l’emballage est intègre dans son ensemble, on peut passer maintenant au contrôle du contenu.

Dimitri Meda fait savoir que présente les importances de l’emballage dans l’agroalimentaire.

C’est dire que lorsqu’un produit est soumis à votre contrôle, l’emballage est le tout premier élément d’analyse.

Même n’importe quel consommateur, lorsqu’il trouve un produit sur une surface, c’est d’abord l’emballage qu’il observe pour préjuger de sa qualité ou non. Après donc la vérification de l’intégrité de l’emballage, nous passons à l’étiquetage. A ce niveau, il y a des normes burkinabè et internationale d’étiquetage des produits qu’il faut respecter. Il y a des mentions obligatoires et des mentions supplémentaires et/ou facultatives. Quand nous prenons par exemple des produits qui ne portent pas de numéros de lot,  vous conviendrez avec moi qu’il est difficile de tracer ce produit une fois qu’il est mis sur le marché. En cas d’effets non désirés, on ne peut pas retracer le produit et le retirer du marché. Donc, il y a des informations portées sur l’emballage qui sont importantes non seulement pour informer mais pour un éventuel suivi sur le marché.

Et quelles sont ces mentions obligatoires qu’on doit retrouver sur l’étiquette d’un emballage ?

Quelques éléments obligatoires, ce sont le nom commercial ou générique, le nom du fabriquant avec son adresse complète (ou du distributeur, si c’est un produit importé). Il y a les informations sur le contenu, la composition du produit et leur teneur (par exemple les produits chimiques et leurs teneurs qui doivent être marquées). Il y a les modes d’emploi, de conservation. Si je prends un produit qui doit être conservé au frais et que cela n’est pas marqué et je le conserve à une température qui n’est pas adaptée, le produit va se dégrader. Il y a les dates de production et de péremption, ainsi que le numéro de lot dont je mentionnais plus haut. Ce sont les éléments obligatoires majeurs qui doivent être portés sur l’étiquette d’un produit emballé.

Est-ce qu’il y a un dispositif particulier qui permet d’attester même de la qualité de l’emballage, le matériau utilisé pour l’emballage ?

Le dispositif intègre ce que je viens d’énumérer plus haut. Le contrôle de l’aspect général de l’emballage, c’est-à-dire l’intégrité et tout ce qui est dessus. Ensuite la vérification de l’étiquetage. Maintenant, pour la qualité du matériau,  on réalise actuellement une étude pour voir justement s’il y a un éventuel relargage de certains éléments des emballages des eaux conditionnées dans l’eau. Il y a des dispositions qui sont prises pour évaluer la biodégradabilité de certains emballages en plastique.

Est-ce qu’il y a un type d’emballage qui est particulièrement plus pollueur, plus dangereux ?

Il faut rappeler qu’il y a plusieurs matériaux utilisés dans l’emballage. Il y a les papiers, les verres, le bois, le métal, et le plastique. Vous convenez avec moi que le plastique est beaucoup plus utilisé. Certainement qu’il a beaucoup plus de propriétés qui s’adaptent le mieux à plus de produits. C’est pour cela qu’il entre dans la conservation de beaucoup de produits. Mais il est malheureusement le plus sensible aux variations des conditions environnementales. Les températures extrêmes influencent facilement sur l’emballage en plastique. Il faut dire qu’il y a plusieurs types de plastiques. En fonction des propriétés de chacun de ces types, il peut être plus sensible au froid ou à la chaleur. Dans notre situation, les températures extrêmes influencent beaucoup, en plus du respect des conditions de conservation. Quand on prend un magasin qui n’a aucune chaine de froid, lorsqu’on va conserver un produit qui est dans un emballage plastique, convenez avec moi qu’il y a plus de risque avec ce type d’emballage quoi qu’il ait plusieurs propriétés qui lui permettent de s’adapter au mieux à beaucoup de produits.

Le polyéthylène, qui est l’une des matières plastique la plus utilisée est-il vraiment conseillé dans l’agroalimentaire ?

Le polyéthylène est effectivement le type de plastique qui est le plus utilisé,  sans doute pour ces propriétés physiques et peut-être en raison de son coût. Il est à moitié entre plusieurs produits. Il est potentiellement biodégradable. Il est moins dur que les autres types de plastiques. Ce n’est pas seulement au Burkina Faso qu’il est utilisé comme matériau d’emballage. Cependant, il faudrait qu’on intègre le respect de l’utilisation correct du produit depuis sa conception jusqu’à la consommation. Si l’étiquetage est respecté, en mentionnant comment conserver ce produit contenu dans ce type de plastique, si les conditions de conservation sont respectées, je pense qu’on réduit considérablement le risque qui peut être lié au polyéthylène. Sinon c’est un matériau qui est utilisé quasiment partout.

Faut-il croire que les variations climatiques sont les éléments les plus à considérer et à maitriser pour garder sauver l’intégrité d’un produit alimentaire ?

J’ai dit plus haut que l’emballage doit s’adapter au produit qu’il contient. Ce n’est pas seulement les conditions environnementales qu’il faut considérer. Le produit peut avoir des propriétés qui peuvent dégrader l’emballage et c’est la qualité du produit qui prendra encore un coup. Ces propriétés qui peuvent altérer l’emballage. Il faut donc que le produit soit adapté à l’emballage. C’est cela la première condition. Il faut qu’à la conception, le fabricant du produit projette déjà sur quel matériau (emballage) conviendrait mieux à son produit suivant les caractéristiques physico-chimiques de son produit. Sinon, tout matériau peut être  susceptible de relarguer certains de ces éléments dans le produit tant qu’il n’est pas adapté ou si les conditions de conservation ne sont pas respectées.

Quels sont les conseils que vous avez à donner aux jeunes unités de transformation et aux unités qui existent depuis longtemps dans le choix de leur emballage ?

Pour ceux qui sont en projet, c’est plus simple d’aller chercher l’information pour adapter le choix du type d’emballage qui convient à leur produit. C’est très important. Pour ceux qui ont déjà des produits sur le marché, c’est de s’assurer que leur emballage est adapté à leur produit. Et pour cela, il y a des expertises qui peuvent être demandées. Cela peut être fait ici même sur demandes spécifiques. Dans cette demande, la personne peut solliciter de savoir si son produit est adapté à l’emballage ou non. Dans l’expertise, on évalue la compatibilité éventuelle entre le produit et l’emballage utilisé.

Et lorsque les unités mettent leur produit sur le marché, il faut qu’elles indiquent et font respecter les conditions de conservation. Si vous donnez vos produits à un distributeur et vous ne lui notifiez pas des conditions de conservation, il risque de vendre un produit qui n’est pas bien aux consommateurs et après c’est vous producteur qui allez assumer les conséquences. Il faut que les unités de productions respectent les textes réglementaires en matière d’étiquetage des produits. Les mentions obligatoires qui permettent aux consommateurs de faire leur choix en connaissance de cause. L’emballage a aussi le rôle de marketing, il ne faut surtout pas l’oublier. Et là, il faut que chacun mette sa touche.

Propos recueillis par Ahmed Traoré et Constant Garané

Sentinelle BF