Emballages agroalimentaires : Un casse-tête pour les acteurs de la transformation des produits locaux

En trente ans d’expérience dans le secteur de la transformation agroalimentaire, Mme Assetou Traoré/Lingani promotrice d’une sulfureuse unité de transformation burkinabè a toujours eu de la peine avec les emballages agroalimentaires. Pour satisfaire les besoins en produits de hautes qualités de ses clients, nationaux et internationaux, elle s’est tournée vers l’Europe pour ses emballages. Cette mastodonte du secteur agroalimentaire burkinabè est on ne peut plus clair sur la question des emballages qu’on retrouve sur le marché local de son pays : Il faut nécessairement améliorer la qualité de ces emballages pour stabiliser la qualité des produits, accroitre leur attractivité et faciliter leur exportation… Sans quoi, le secteur agroalimentaire burkinabè restera boiteux et toujours à la traine.

Mme Assetou Traoré/Lingani promotrice de l’entreprise « Tout Super » est sans langue de bois lorsqu’il s’agit de parler de la question des emballages agroalimentaires. « Pendant mes 30 années d’expériences, je n’ai jamais apprécié les emballages alimentaires utilisés. Notre gros problème reste toujours les emballages. Les braves transformatrices et transformateurs de produits agricoles font du bon travail, mais ce sont les emballages qui font défaut. Si nos produits étaient bien présentés, bien protégés avec des emballages appropriés, il n’y a pas de doute que nos produits seront les plus cotés de la sous-région. Mais, avec des emballages de mauvaise qualité, nos produits ne peuvent pas quitter nos frontières. Au Burkina Faso, il n’y a pas d’usine de fabrication des emballages autre que Fasoplast. Nous avons travaillé avec ces emballages, mais il faut dire qu’ils  n’ont d’abord pas une bonne présentation,  mais aussi ils ne sont pas véritablement alimentaires.  Pendant les foires, dès vous exposez les produits avec ces emballages, avec le soleil, quelques temps après les produits se détériorent. J’étais donc obligé de trouver d’autres emballages de qualité encore plus élevée.

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Je me suis entre temps tournée vers les emballages venus du Ghana. Ils étaient peut-être mieux, mais il m’en fallait de bien meilleurs. Et grâce à mes relations, j’ai pu nouer des contacts avec des fournisseurs d’emballages européens. J’exporte mes produits aux Etats-Unis et en Europe, donc il me fallait ces types d’emballages pour surtout prendre en compte le reproche qu’on me faisait toujours lorsque j’envoyais mes produits à l’extérieur. Ces emballages ont un coût certes, mais c’est le prix de la qualité et de l’ambition. »

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Pour elle, aller vers des emballages de qualité, relativement plus chers, n’est pas une option. C’est un impératif pour toute unité de transformation qui veut conquérir le marché extérieur et garder sauve sa réputation d’unité de qualité. « Aujourd’hui, lorsque vous achetez un produit dans les supermarchés, il est clair que vous payez également l’emballage. Même s’il faut aller vers deux types d’emballages qui seront utilisés selon la cible clientèle, il le faut. Vous n’avez pas des emballages de qualité, alors vos produits ne peuvent pas traverser les frontières du pays. C’est évident.

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Ce sont les transformateurs burkinabè qui sont en arrière par rapport à la question des emballages. Sans accompagnement de l’Etat sur la question des emballages, ce sera difficile. Je prends un exemple. Au Sénégal, sous Abdoulaye Wade, un accent a été mis sur la qualité des emballages. Mais aujourd’hui, allez-y voir aux USA comment les femmes sénégalaises vendent leurs produits. Des femmes que moi-même j’ai formées, mais actuellement nous ne sommes pas au même niveau. Mais tout cela, c’est grâce aux emballages qu’elles arrivent à écouler. C’est surtout les emballages qui ont fait la différence. Et si nous, au Burkina, nous arrivons à régler ce problème des emballages nous auront un secteur agroalimentaire impeccable et nos produits s’achèterons comme des cacahouètes.  »

                           Les prescriptions « Tout Super » 

« L’une des solutions serait d’installer des usines d’emballages au Burkina Faso. Mais ce sont de très lourd investissement. Et avec les charges fiscales liées à l’implantation de cette usine, n’importe qui ne peut s’engager dans un tel projet. Une autre solution pourrait être que les différents transformateurs se réunissent pour passer des commandes groupées. Là, les quantités minimum pourraient être atteintes et les acteurs pourront avoir des emballages de qualité à coût supportable. La dernière solution, c’est inévitablement un engagement de l’Etat pour résoudre cette question. Cet engagement est nécessaire pour relever le niveau des emballages utilisés. »

Mamouna Zongo

Sentinelle BF