Insécurité : Ce que révèle l’attaque terroriste de Djibo 

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L’attaque terroriste d’envergure entreprise par les Groupes armés terroristes (GAT) ce dimanche 26 novembre 2023 reste inédite dans l’histoire de lutte engagée par le Burkina Faso contre le terrorisme. Cette attaque révèle bien d’éléments à considérer.

De par son ampleur et le niveau  de coordination, l’attaque survenue ce dimanche 26 novembre 2023 contre la ville de Djibo et ses bras défensifs demeure inédite. La survenue de cette attaque a bouleversé les convictions des burkinabè pour qui une attaque d’envergure ne saurait encore se produire dans ce Burkina Faso renforcé sur le plan défensif et sécuritaire. La survenue de cette attaque révèle bien d’éléments à prendre en compte pour le renforcement de la qualité de la lutte contre le terrorisme.

Le premier est que les Groupes armés terroristes (GAT) n’ont pas encore perdu leur capacité de mobilisation, d’organisation et leur logistique malgré les frappes des vecteurs aériens. Réussir à mobiliser autant d’hommes, trois mille (3 000) à quatre mille (4 000) et d’armement pour une opération dans un contexte où les moyens de surveillance et défensifs de l’Etat burkinabè ont été renforcés dans les secteurs du renseignement et de la défense aérienne, relève tout de même d’un exploit. Cet exploit est d’autant plus avéré dans la mesure où les informations révélées par le film de l’attaque par la télévision nationale montrent bien que le renseignement burkinabè a pu suivre certains mouvements suspects des GAT, mais la stratégie de ces obscurantistes armés ne permettait pas une réaction militaire, essentiellement aérienne appropriée.

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Deuxième, l’appétit déstabilisateur et mortifère des GAT reste encore intact. Lancer un assaut virulent contre la ville militarisée de Djibo et son impressionnant camp témoigne de cet appétit. Alors que les burkinabè commençaient à se convaincre que depuis octobre 2022 les GAT ont été contraints à reconsidérer leurs ambitions, l’attaque du 26 novembre vient remette en cause cette conviction.

Un autre élément que révèle cette attaque, c’est que le Nord du Mali et la zone de trois (3) frontières en générale doivent être prise d’assaut par les armées de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). L’attaque de Djibo n’est pas sans lien avec les évènements du 14 novembre 2023 au Mali qui ont été sanctionnés par la prise de la ville de Kidal par les Forces armées maliennes (FAMas). Les sécessionnistes et leurs alliés terroristes n’ont pas quitté Kidal pour trouver un autre lopin de terre dans le désert malien afin de prendre paisiblement leur thé accompagné de viande de chameau.

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Un quatrième élément, c’est que la drogue est un facteur X du terrorisme au Burkina Faso et au Sahel. Les narrateurs du film de l’attaque, à qui des autorités militaires se sont confiées, indiquent à profusion que les assaillants étaient « drogués à mort ». Du reste, la drogue a encore été saisie suite à la riposte des Forces burkinabè. Cela indique que la lutte contre la drogue dans les différents pays de l’AES doit se mener sans répit.

Les GAT ont le terrain à eux et imposent le rythme de la guerre, c’est un autre élément que révèle cette attaque. Lorsqu’ils ont lancé l’assaut sur Djibo, les GAT savaient bien que la seule riposte qu’ils pouvaient essuyer ne pouvait venir que du ciel, au sol il n’y avait aucun danger particulier. La riposte au sol qui est venue a juste été des tirs de roquettes lancées depuis l’intérieur du camp par les Forces burkinabè. Des tirs qui n’ont pas pu arrêter l’assaut des hommes armés « drogués à mort ».

Le sixième élément que révèle cette attaque est qu’il est contreproductif de se bercer avec l’argumentaire selon laquelle la guerre est finie ou qu’elle finira dans quelques mois. Des frappes ponctuelles sur des regroupements de terroristes ou la mise hors d’état de nuire de quelques dizaines de terroristes, même quotidiennement, n’est pas un indicateur de ce que la fin de la guerre s’annonce.

Le septième élément, peut-être le plus important, c’est qu’il est vraiment temps d’interroger la stratégie déployée dans la lutte contre le terrorisme.

Ahmed Traoré

Sentinelle BF