Mali : La communauté internationale perd sa langue

Une semaine après la reprise du contrôle la ville de Kidal, huitième région du Mali, par les Forces armées maliennes (FAMas) les réactions se sont faites extrêmement rares à travers le monde. Seuls quelques pays partenaires stratégiques du Mali, avec qui un rapprochement a été opéré dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, ont réagi à victoire d’étape du 14 novembre dernier. 

Même si l’entrée des Forces armées maliennes (FAMas) à Kidal le 14 novembre dernier a été accueillie en grande joie à travers le Mali, elle n’était pas une si grande surprise tant les indicateurs leur étaient favorables. Cela n’enlève cependant en rien à l’éclat de cette victoire d’étape du Mali sur les indépendantistes du Nord du Mali et de leurs alliés terroristes. Car reprendre le contrôle d’une ville comme Kidal après plus d’une décennie de disparition de l’Etat et de ses symboles revêt une importance capitale pour Bamako. Le gouvernement malien n’a d’ailleurs pas manqué de le rappeler dans son premier communiqué dans la soirée du 14 novembre 2023.

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Les réactions après la prise de contrôle de Kidal par les FAMas n’ont pas été nombreuses. La première réaction est venue du Burkina Faso Mali, pays voisin du Mali avec qui il partage plus de 1 000 km de frontière et surtout avec qui il est contraint à l’union face à l’hydre terroriste. Le gouvernement burkinabè a dans un communiqué rendu public exprimé sa satisfaction face à la « victoire d’étape » du Mali et indiqué que cela ouvrait la voie à des lendemains de paix et prospérité dans le septentrion malien.

A la suite du Burkina Faso, c’est un autre pays ami, le Niger, qui adressera ses félicitations aux maliens et à leurs Forces armées. Le gouvernement nigérien parle de « libération de Kidal », une « ville martyr restée sous le joug des terroristes et leurs sponsors responsables de la déstabilisation du Mali ainsi que de l’ensemble du Sahel depuis plusieurs années. »

La dernière réaction officielle d’un Etat suite à la reprise du contrôle de Kidal par les FAMas, c’est la Russie, l’un des pays qui a joué un rôle clé dans la montée en puissance de l’armée malienne.  Le pays de Vladymir Poutine a salué « une libération complète » de Kidal par les Forces armées maliennes qui représente « un pas important » franchi « vers le rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Etat. »

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Plus aucune autre réaction n’a été relevée à travers le monde. L’Algérie, traditionnelle médiatrice des conflits entre l’Etat central du Mali et ses indépendantistes touareg, n’a pas réagi. Elle a préféré le silence pour ne pas encore créer de la tension supplémentaire, elle qui est à tort ou à raison taxée de jouer un rôle trouble. Et pourtant, c’est l’Algérie qui va accueillir les milliers de déplacés liés au conflit en cours.

Aucune réaction également de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Mise sur le carreau, défiée et dévoyée, la CEDEAO n’est que l’ombre d’elle-même au Mali. Elle a bien pris ses distances vis-à-vis de ce pays et n’émet aucune compassion envers le Mali depuis quelques temps. Face au drame du bateau Tombouctou, elle n’a réagi, tout comme elle  préféré s’emmurer dans le silence au soir du 14 novembre 2023. Et tout comme elle, l’Union africaine a également fait le choix du silence.

La France de toutes les prédilections n’a aussi pas réagi. Elle, qui a été priée de plier bagages et qui prédisait une partition très prochaine du Mali ou une disparition de certains Etats du sahel après son départ n’a visiblement pas encore l’information de la prise de contrôle de la ville de Kidal par les FAMas.

Préoccupée à évacuer son personnel civil et militaire du Mali, avant le 31 décembre 2023, la MINUSMA, et par ricochet, l’ONU n’a également pas réagit suite aux évènements de 14 novembre 2023. Une attitude de prudence sans doute au regard des multiples accusations par moment fantaisistes de collusion portées à l’encontre de cette Force multinationale des Nations unies.

A la date de ce mardi 21 novembre 2023, la ville de Kidal est sous le contrôle des Forces armées maliennes. Les opérations de sécurisation et de défense sont en cours dans la ville et ses environs. L’administration malienne est également en cours de redéploiement dans la localité.

Ahmed Traoré

Sentinelle BF