Niger : Les USA ne veulent se noyer dans le sahel avec la France

Ph.Dr

Les Etats-Unis et la France ne tiennent plus le même langage face à la situation socio-politique qui prévaut au Niger depuis le 26 juillet dernier. L’administration Biden plaide désormais pour la « diplomatie », là où la France et ses sbires ouest-africains entendent faire usage de la force militaire pour « rétablir l’ordre constitutionnel ».

Depuis la survenue du putsch du 26 juillet 2023 au Niger, la France est montée au créneau pour dénoncer, condamner et exiger le rétablissement au pouvoir du président déchu Mohammed Bazoum, le très fidèle allié de Paris. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec à leur tête les président Tinubu du Nigéria et Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire a repris à fanfare la ligne défendue par l’Elysée. Sentant imminent le départ des troupes militaires françaises sur le sol nigérien et surtout la remise en cause de l’exploitation des ressources naturelles du Niger, notamment son uranium, la France semble ne vouloir faire flèche de tout bois pour ramener au pouvoir Mohammed Bazoum, seul allié dans le sahel ouest-africain. Elle a réussi à embarquer la CEDEAO dans l’idée d’une restauration à coup de canon du président Bazoum au pouvoir. Elle avait aussi, dans les premières heures réussi à avoir avec elle les Etats-Unis d’Amérique. Mais, l’émotion estompée, les américains commencent à prendre du recul quant à la ligne défendue par Paris et par ce qui reste de la CEDEAO.

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L’administration Biden ne pense plus à faire parler la poudre pour restaurer le président Bazoum. En plus d’être dénuée de sens, cette aventure ne pourra au grand jamais permettre au président Bazoum revenir au pouvoir. Pire, elle contribuera à faire basculer toute la sous-région ouest africaine dans un chaos plus profond qui ne profitera qu’à ceux qui ont profité des dividendes de l’intervention militaire française en Libye. C’est sans doute fort de cette conviction que les Etats-Unis d’Amérique qui ne sont à priori pas sur la sellette au Niger n’entendent plus suivre la France et ses sous-préfets ouest-africains dans une aventure périlleuse. Ils ont encore à l’esprit la mésaventure afghane. Un mauvais choix opéré par les Etats-Unis pourra faire le nid d’un départ du millier de soldats américains, dont une centaine d’éléments des forces spéciales, du sol nigérien. Et cela permettra sans doute au grand rival russe d’avancer ses pions et renforcer son influence dans le sahel ouest-africain.

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Les Etats-Unis adoptent ici une position de raison et une position stratégique qui a tout pour garantir leur présence, en tout cas durant toute cette période de tumulte, sur le sol nigérien et avoir un regard sur le Sahel de façon général. L’appréciation désormais différente entre la France et les Etats-Unis sur la situation socio-politique au Niger est un fait rare entre ces deux (2) alliés historique et stratégique. Les Etats-Unis ont bien souvent accepté de suivre la France dans ces égarements en Afrique, notamment l’intervention militaire française en Libye, mais cette fois, l’administration Biden refuse juste l’absurde de ne se noyer dans le sahel.

La Rédaction

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