Reprise des exportations des céréales ukrainiennes : L’Afrique snobée

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Les exportations des céréales ukrainiennes ont reprise depuis le 1er août dernier 2022 conformément à l’Accord international signé le 22 juillet 2022 entre la Russie, l’Ukraine et la Turquie sous le magistère de l’Organisation des Nations unies. Plusieurs Etats d’Europe et d’Asie notamment ont déjà reçu des cargaisons de céréales ukrainiennes, sauf l’Afrique dont la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire a été brandie par la communauté internationale afin de mettre la pression pour arracher un accord sur l’exportation des céréales bloquées au porc d’Odessa du fait de la guerre.

Ce sont en tout vingt-cinq (25) millions de tonnes de céréales qui ont été bloquées en Ukraine depuis le début de la guerre avec le voisin Russe. Cette énorme quantité de céréales était destinée à l’exportation dans plusieurs Etats du monde. Au risque d’essuyer les frappes russes dans la mer noire, les ukrainiens ne pouvaient honorer leur engagement à l’exportation. Cette situation inattendue a alors contribué à singulariser l’insécurité alimentaire mondiale.

Les mauvaises récoltes enregistrées dans la plupart des Etats africains, notamment en Afrique de l’Ouest, et les tensions sur le marché international des céréales dues au conflit russo-ukrainien ont contribué à rendre encore plus âpre l’insécurité alimentaire qui frappait ces Etats. C’est alors que la grande vulnérabilité de l’Afrique a été brandie pour demander un engagement de tous afin de contenir l’insécurité alimentaire mondiale. Le marchandage de la misère et de la vulnérabilité de l’Afrique en matière de sécurité alimentaire ont été présentés au président russe, Vladimyr Poutine pour demander le desserrement de l’étau autour des céréales ukrainiennes bloquées. Et pour parfaire la pièce, le président en exercice de l’Union africaine, le président Macky Sall a fait le déplacement en Russie pour rencontrer le Chef de l’Etat russe afin qu’il soit indulgent face à la vulnérabilité des pays africains principalement.

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Lorsque sous l’égide des Nations unies, ukrainiens, russes et turcs procèdent à la signature d’un accord prévoyant l’exportation sécurisée des céréales ukrainiennes, les voix se sont levées pour saluer un accord qui vient pour sauver les pays vulnérables et nécessairement qui permettra de baisser le prix des céréales sur le marché international. L’Afrique a salué l’accord.

Depuis le 1er août 2022, les exportations ont repris conformément à l’Accord. Mais depuis deux semaines, l’Afrique dont la vulnérabilité a été mise en avant n’a obtenu le moindre grain d’Ukraine. Dès le 1er août le cargo Razoni avec à son bord 26.000 tonnes de maïs ukrainien a quitté le port d’Odessa en direction de Tripoli au Liban. La Turquie et la Corée du Sud ont ensuite reçu leur part de céréales ukrainiennes avec respectivement 5.300 tonnes de mais à bord du navire Rahmi Yaggi et 65.000 tonnes de maîs à bord de Océan Lion. Cinq autres cargaisons avec à leur bord 161.000 tonnes de céréales ukrainiennes ont servi la Turquie (une nouvelle fois), la Chine et l’Italie le 9 août dernier. Les exportations se poursuivent, mais pour l’instant l’Afrique est snobée.

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Encore une fois de plus la vulnérabilité de l’Afrique a été mise en avant pour mieux servir les besoins stratégiques de certains pays du Nord en matière première. Si le déplacement du président en exercice de l’Union africaine en Russie n’était pas une démarche cosmétique, en tout cas il n’aurait pas en tout cas servi les intérêts de son continent.

Ahmed Traoré

Sentinelle BF