Sécurité au Sahel : L’Institut Montaigne invite à investir dans la filière agricole

Face à la montée de l’insécurité dans le sahel ouest africain, les chercheurs de l’Institut Montaigne ont suggéré dans leur rapport de septembre 2023, un investissement structurel et conséquent de la filière agricole. Ils estiment, dans ce rapport que nous avons pu consulter, que le développement agricole demeure une riposte cruciale au recrutement des bandes armées dans le sahel. Le rapport présente de ce fait quatre (4) axes essentiels pour mieux opérer cette structuration de la filière agricole.

« La structuration de la filière agricole ouest-africaine s’impose comme principal levier pour lutter durablement contre la marginalisation économique des populations. », selon les chercheurs qui ont produit le rapport. Ils appellent en outre l’Europe et les pouvoirs publics en Afrique à travailler à réussir cette structuration. Et cela devra passer par la prise en compte de quatre (4) piliers.

Le premier axe est intitulé « Structurer le secteur agricole ouest-africain par une politique foncière stabilisée, un investissement amont sur les intrants agricoles et la mise en place de filières spécifiques. » Et sur ce point, les chercheurs recommandent entre autres de stabiliser l’encadrement juridique du foncier à travers notamment un meilleur cadastrage et un changement règlementaire. Ils recommandent l’accroissement de la productivité des intrants agricoles grâce à une politique de développement  et de distribution  dédiée. Les chercheurs recommandent surtout de favoriser la transformation industrielle locale des matières premières agricoles.

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Le deuxième axe concerne la construction des « infrastructures et compétences indispensables à la valorisation des efforts agricoles. » Sur ce point, il est indiqué, selon les chercheurs de prioriser les efforts sur l’eau et l’énergie en particulier les infrastructures d’irrigation et l’électrification des exploitations agricoles par des technologies solaires décentralisées. Ils suggèrent aussi de favoriser la distribution nationale et internationale des productions en développant les infrastructures de transport et des chaînes logistiques au niveau régional.

Le troisième axe est relatif aux financements publics et privés. Les chercheurs plaident pour un financement plus conséquent des filières agricoles en favorisant l’émergence de banques agricoles et des sociétés d’investissement qui pourront offrir  des garanties face aux risques. Ils suggèrent surtout que l’aide publique au développement soit essentiellement orientée vers la production agricole.

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Le quatrième axe est intitulé « Inciter les entreprises étrangères à s’investir dans le secteur agricole et à transformer les promesses économiques du sous-continent. » A ce niveau, les chercheurs font deux (2) recommandations. La première vise à « poursuivre la professionnalisation de l’environnement des affaires pour pérenniser les investissements » et la seconde à « inciter les entreprises françaises à investir durablement dans la zone ouest-africaine. »

Ce rapport est l’aboutissement d’entretiens menés avec au moins 80 entrepreneurs africains et européens, chercheurs et membres d’ONG. Et selon le rapport, la mise en œuvre des recommandations relevées dans contribuerait à freiner le développement des réseaux terroristes qui excellent grâce aux disparités entre les villes et les campagnes entre autres.

La publication de ce rapport intervient dans un contexte où la France est sur la sellette dans plusieurs Etats ouest africains qui ont connu des putschs. Et en raison de cette instabilité politique et des tensions entre la France et ces Etats, Paris a décidé de la suspension de son aide publique au développement qui était essentiellement orientée vers le secteur agricole.

Sentinelle BF